Yasumoto, jeune médecin ambitieux fraîchement diplômé, est envoyé dans le dispensaire d'un quartier pauvre de Tokyo, géré par l'inflexible et énigmatique Barberousse. Carriériste et orgueilleux, le jeune apprenti dédaigne ses tâches de médecin dans un lieu qu'il considère indigne de son érudition. Puis, au contact de son atypique patron et de certains patients, Yasumoto découvre peu à peu la vie, la mort et le quotidien des bas-fonds, avec son lot de souffrances et de joies...


Le film nous fait suivre le parcours initiatique du jeune médecin et nous révèle progressivement le vrai visage de son maître Barberousse, qui cache derrière ses méthodes peu orthodoxes et un dur caractère, un grand cœur et une totale dévotion dans son combat contre les deux grands fléaux indissociables de ce monde, "la misère et l'ignorance"...


Akira Kurosawa livre ici son dernier film en collaboration avec son acteur fétiche Toshiro Mifune, éblouissant dans le rôle de Barberousse : à la fois imposant et bougon en apparence, mais d’une grande sagesse intérieure. Ce rôle assez inhabituel pour lui est pourtant l’un de ceux qu’il incarne avec le plus d’évidence et d’humanité.


Comme souvent dans ses films, Kurosawa porte une attention particulière à l'élaboration de chacun de ses personnages, principaux comme secondaires. Plus encore dans "Barberousse", chaque rencontre avec un patient du dispensaire est l'occasion de conter une histoire émouvante, parfois heureuse, parfois terrible, et donner de très belles leçons de vie. La grande misère que côtoient les deux médecins, parfois désarmante, devient paradoxalement le terreau d’où éclot l’espérance et l’humanisme de Yasumoto.


La grande beauté du film tient également de sa mise en scène sobre et la composition remarquable de chaque plan. Les magnifiques jeux d’ombres et de lumières font regretter que « Barberousse » soit le dernier film en noir et blanc de Kurosawa...


"Barberousse" est assurément l’un de ses plus grands films, à mon sens le plus émouvant, ce qui n’est pas peu dire quand on sait le nombre de chefs d’œuvre unanimement reconnus que le Sensei a réalisés !...

Wlade
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le 6 déc. 2016

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