Putain j'ai eu peur. Je me voyais déjà entamer ma critique commençant par "Joachim, tu m'as trahi, je dois avouer que tu m'a terriblement déçu". Je lui en aurai voulu car Reprise et encore plus Oslo m'ont durablement marqué. Joachim réussissait à faire des moments de cinéma qui capturaient des petites scènes de vie suspendues. Et c'était brillant. La vie mêlée au cinéma. Les deux qui s'entremêlent. Bien souvent je me suis posé cette question là : comment arriver à capturer ces petits moments de la vie sans trop les dénaturer, sans les rendre trop artificiel ?
Je n'ai pas une énorme culture cinématographique donc il y a surement des cinéastes et des films que j'ai pas vu qui arrivent à retranscrire avec acuité ces moments suspendus mais les réalisateurs nordiques m'ont marqués par cette capacité là. Que ce soit Farewell Falkenberg ou The Burrowing, deux films suédois que j'ai trouvé remarquable. Le cinéma de Joachim Trier me semble beaucoup plus accessible même si il exige un minimum d'attention du spectateur.
Bref, j'ai trouvé le film assez remarquable dans sa description des rapports humains. Il y a des séquences formidables, quelques petites surprises de mise en scène bienvenues et un regard toujours pertinent sur l'humain. Un peu resté sur ma faim en revanche sur la photo du film que je trouve belle parfois mais assez terne le reste du temps. C'est un parti-pris certes mais je n'y trouve pas trop mon compte. Tout comme Oslo, le film ne me paraît pas briller par son esthétique. Et léger bémol aussi concernant Isabelle Huppert, elle joue bien c'est sûr mais j'ai l'impression qu'elle joue toujours un peu de la même façon et plus gênant je vois l'actrice, pas le personnage.