On ne détaillera pas la très longue liste de cinéastes de talents découvert par une péloche " bête de festivals ", qui se sont par la suite cassé la binette sur leur film de " confirmation ", une marche sur laquelle il est si facile de trébucher, plus encore que celle du premier film.
Pourtant, le talentueux Joachim Trier lui, avait réussi la prouesse de faire de son Oslo 31 aout, une œuvre encore plus délicate et majeure que son pourtant très réussi Nouvelle Donne.


Logique donc que beaucoup attendait l'arrivée du nouveau long métrage du norvégien avec une impatience non-feinte, et force est d'avouer que le bonhomme avait mis les petits plats dans les grands pour se faire méchamment attendre.


Postulat de départ accrocheur (les répercussions de la mort d'une photographe de guerre sur les membres de sa famille), passage outre-Atlantique avec un casting mainstream bourré de talents à la clé (Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne et Amy Ryan) et une sélection dans la compét officielle de la dernière Croisette; autant l'avouer tout de suite, Back Home (ex- Plus Fort que les Bombes) avait tout du must see, un drame intime qui pouvait permettre à la riche année ciné de 2015 de terminer en beauté.


Malheureusement après vision, il a bien plus les atours maladroit d'un drame laborieux, intéressant mais jamais passionnant malgré une esthétique des plus soignés, un jeu d'acteurs convaincant et une pluie de thèmes subtilement traités.


Car le vrai soucis qui émane du très conventionnel nouveau film de Trier, c'est qu'il n'arrive jamais à pleinement impliqué un spectateur pourtant rompu à ce genre de drama auteurisant et propre sur lui (le cinéma indé US en compte à la pelle chaque année), mais qui tentera tout du long à lutter contre un ennui poli.


Doux et émouvant mais également - et surtout -méchamment plat, Back Home laisse une impression déroutante tant il s'échine louablement à brasser une pléthore de sujets fascinants (le deuil, les non-dits, les apparences, la violence du métier de photographe de guerre, le souvenir, l'adolescence, l'adultère, la dépression,...) sous fond de crise familiale - terreau propice au genre -, tout en alourdissant ses interrogations par un réalisme et un sérieux écrasant rendant les tourments de ses personnages peu approfondis difficilement empathique.


Longue épopée abstraite vers la vérité d'hommes touchés par le deuil et la solitude faussement mystérieuse, aussi confuse qu'éclatée et dont on peine à pleinement capter l'intérêt tout autant que la finalité; le premier long métrage en terre américaine de Joachim Trier est une œuvre impersonnelle - jusque dans sa mise en scène toujours aussi fluide mais anti-spectaculaire - et mollassonne sur l'absence et la mort à peine sauvée par quelques fulgurances mélancoliques et des comédiens impliqués (Jesse Eisenberg et Gabriel Byrne en tête).


Si il retrouve au milieu des stéréotypes et d'un cachet artificiel, quelques thèmes qui lui sont chers (les tourments de la classe bourgeoise, le pouvoir de l'écriture, le passage à la vie adulte,...), le prometteur cinéaste norvégien n'arrive cependant jamais à faire décoller son puzzle dramatique auquel on préférera volontiers le pas si éloigné American Beauty de Sam Mendes.


Espérons que pour son prochain long, le papa de Oslo 31 aout se montrera plus inspiré, mais qu'il retrouvera surtout son mojo qui a fait de lui l'un des faiseurs de rêves les plus intéressant à suivre du moment.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/12/critique-back-home.html

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le 4 déc. 2015

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