J'entends déjà les pas léger des passants passer à côté de mon corps inerte, sans vie, allongé sur le sol froid, juste à côté du canal de l'ourcq parisien. Peu prêterons attention à celui-ci, car recouvert de son long manteau noir. Je suis facile à cacher. Si le lendemain, ils se demanderont pourquoi je suis mort, je vous le dis dès maintenant.
Nous sommes le mercredi 18 janvier, il est 20h20, et je me trouve dans une salle de cinéma parisienne. Le film que j'ai choisi pour ce soir, Babylon. J'y vais avec un mélange de peur et d'excitation. J'ai pour habitude, bonne ou mauvaise, de me méfier des films dont la promotion nous est martelé à tout bout de champ. Mais en même temps, il a un côté alléchant qui ne me laisse pas indifférent. On nous promet un spectacle, donc je me présente.
Dès le début du film, les suffocations commencent. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Une migraine émerge au sommet de mon front. Ceci ne sont que les symptômes liés à ce que je m'apprête à vivre. Pour commencer, dans le film un homme se fait allégrement déféquer dessus par un éléphant. Oui, la classe incarnée. Ce même éléphant, qui est la nouvelle attraction d'une soirée hollywoodienne. Immédiatement nous sommes immergé par le ton du film que je pourrais résumer en trois mots : Cocaïne, hurlement et cocaïne encore.
Dans cet immense bordel, on y baise, on y danse, on y boit, on oublie tout. Une jeune femme, arrogante et faussement confiante, se fait repérer car elle a le talent incroyable d'avoir le monde qui tourne autour de sa personne. Elle y rencontre un jeune homme, qui tombera
immédiatement amoureux d'elle, mais étrangement son manque de personnalité de parvient pas à la toucher. On nous présente aussi, une grande star de cinéma, arrogant également.
Maintenant par pure flemme de produire une critique construite, je vais vous immerger dans 80% des dialogues du film. Alors imaginez vous ce que vous voulez, un désert, une piscine, un manoir, ... Imaginez vous maintenant les personnages se la jouant tout le temps charismatique de ouf, tout en sachant que vous avez grillé à quel point ils sont pathétique.
Commençons.. HUM... HUMMM
-AAAAAAAHHHH COCAINE, REGARDEZ MOI, REGARDEZ MOI BORDEL ! REGARDEZ MOI !
-LE MEXICAIN ! OUI, TOI ! FONCE VITE T'ACHETER UNE PERSONNALITE ! (Oui chef)
-DE TOUTE FACON JE VOUS BAISE TOUS BANDE D'ENCULES ! JE SUIS MEILLEUR QUE VOUS !
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH COCAINE !
-JE VOUS EMMERDE !
-VOUS CONNAISSEZ MA NOUVELLE FEMME ?! OUI MA NOUVELLE FEMME ??!! MARRANT NON ?
-AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH COCAINE !
-HEY ! HEY ! REGARDEZ MOI ! REGARDEZ MOI ENCORE !!!
-LE CINEMA C'EST DE L'ART HEIN !!! CROIS MOI HEIN !!!! TU REVEUX UN PEU DE COKE AUSSI ???
-SCENE 1 PRISE 14, ET J'EMMERDE TOUT LE MONDE ET L'INGENIEUR DU SON !
-REGARDEZ JE SUIS NOIR !!!
-AAAAAAHHHHHHHHHHHHH COCAINE !!!!!!
Je vous avoue aussi mon péché, je suis partis au bout de 2h15 du film. Mais s'il y a bien une chose que celui-ci m'a appris, c'est qu'il faut s'en foutre de tout. Il s'agit pas d'un film sur le cinéma, mais d'un film sur les stars, sur l'énorme nombril que peut se construire l'humain pour se sentir exister. Sur ce qu'il est prêt à aliéner de lui-même afin d'espérer toucher la lumière du bonheur. Car oui, dans ce film nous assistons à un spectacle de gens malades, dépressifs et perdus.
Mais je dois tout de même remercier Damien Chazelle de m'avoir offert une expérience nouvelle en salle de cinéma, l'extrême solitude. Très honnêtement, je ne serai pas étonné d'un certains succès de la part du film de Chazelle. Les images sont belles, les chorégraphies et la mise en scène travaillées, on nous vend déjà l'histoire d'un film incroyable juste avant sa sortie. Mais que je me sentais seul. Autour de tout ce monde, riant aux éclats. Les blagues s'enchaînent, les rires avec, mais moi je ne ris pas. Au contraire, je m'enfonce dans ma solitude symbolisé par mon fauteuil douillé, et je ne comprends pas. Suis je le problème ? Ai je mal perçu ou appréhendé le film ? Au moins que... pourquoi faut-il si peu pour émerveiller tout ces gens ? Un peu de maquillage et de paillette, et tout le monde est sous le charme. Sommes nous devenu si facile à satisfaire ou alors est ce moi qui ai perdu le gout ?
Je n'aurais donc jamais vu la fin de ce film, et ceci sans regret. La douleur était trop forte, et insupportable à vivre. Je sors du cinéma comme je l'étais, seul. Le souffle fort et rapide, un rythme du cœur irrégulier. Une image me revient en tête, l'homme rempli de bouse d'éléphant lors de la première scène. Devant autant de subtilité, mon cœur s'arrête, je m'écroule. Avec tout de même le mince espoir que je sois moins seul à penser ainsi ce film.