Après de longs mois d’attente, notamment pour les fans de super-héros, voici arrivé le moment tant attendu. Avec plus d’1,5 milliards de dollars récoltés au box-office mondial, Avengers s’était déjà taillé une réputation d’ogre cinématographique, et était devenu une véritable référence parmi les blockbusters, à l’instar, également, des autres films de la saga Marvel. Avengers : l’ère d’Ultron a donc pour tâche de succéder à ces monstres, et de mettre des étoiles plein les yeux des spectateurs, tout en apportant un peu de nouveauté à la franchise.


Nous le savons, les blockbusters comme Avengers : l’ère d’Ultron n’ont pas pour vocation de parler philosophie, ni de développer une intrigue forcément très complexe. Il serait néanmoins tout aussi stupide de qualifier ces films d’idiots sous prétexte que le spectacle est privilégié à la psychologie. De toutes manières, je doute que ceux qui pensent ainsi soient allés voir ce film. Dans tous les cas, si Avengers : l’ère d’Ultron partait avec un sacré défi à relever, force est de constater qu’il s’en tire relativement bien.


Le spectacle et les effets visuels étant le propre et les atouts majeurs des blockbusters modernes, il convient de commencer l’analyse ici. A l’instar de son prédécesseur et des autres éléments du cycle Marvel, Avengers : l’ère d’Ultron est impressionnant, à la pointe de ce qui se fait aujourd’hui en matière d’effets spéciaux. Plusieurs passages valent le détour, comme la scène de bataille au début, ou le combat dantesque entre Iron Man et Hulk. Une nouvelle fois Whedon fait plaisir aux amateurs de sensationnel, dont je fais fièrement partie, et je n’ai pas grand chose à redire concernant ce point.


Le rythme donné au film est assez répétitif dans sa construction : baston, réunion au calme, baston, réunion/séparation, baston. Un point commun avec le premier opus de la saga, qui a pour but d’approfondir le développement des personnages, et également de donner plus d’impact aux scènes d’action. Je trouve que le schéma proposé par Whedon est ici plus agréable à suivre que dans le premier, car mieux agencé, et également parce qu’on connaît déjà les personnages principaux. De plus, on a déjà une certaine sympathie envers eux, ce qui tourne à l’avantage de ce second opus. Les dialogues du film restent d’ailleurs relativement « clichés » car ils suivent des codes souvent répétés dans les grosses productions et séries américaines aujourd’hui, en incluant par exemple des petites blagues lancées à la volée visant à détendre le spectateur et à éviter qu’il ne se lasse lors des passages plus lents.


L’exemple le plus frappant à ce propos reste pour moi celui d’Hawkeye. En effet, ce personnage a pour défaut (en commun avec Black Widow) de ne pas être doté de super-pouvoirs, ce qui le rétrograde souvent au second rang, bien qu’il bénéficiait déjà d’une belle exposition dans Avengers. Malgré cela, il restait le personnage pour lequel on avait une certaine sympathie, mais dont l’utilité restait toujours sujet à débat. Dans Avengers : l’ère d’Ultron, Hawkeye est probablement l’un des personnages les plus développés, n’hésitant par ailleurs pas à parfois faire preuve d’autodérision, voire à briser le quatrième mur en faisant référence à sa relative faiblesse vis-à-vis de ses équipiers, et à la question de son utilité au sein du groupe. C’est pour moi l’un des bons points du film, permettant d’opposer la puissance irrésistible des gros bras comme Hulk, Thor et Captain America, à la force naturelle, et surtout humaine d’Hawkeye. Ainsi, cette disparité au niveau de l’impact des différents membres de l’équipe se mue en une complémentarité qui cimente l’ensemble et donne un charme supplémentaire à ce second opus.


Avengers : l’ère d’Ultron propose l’arrivée de nouveaux protagonistes sur le devant de la scène. Si cela permet d’insuffler un vent de fraîcheur au sein de la saga, et de faire intervenir de nouveaux personnages aux pouvoirs cool, cela peut également s’avérer quelque peu préjudiciable. En effet, depuis le premier Iron Man, sorti il y a 7 ans, le cycle Marvel ne cesse de s’étoffer, notamment au travers des personnages d’Iron Man, Captain America et Thor, qui ont chacun leur propre saga, lesquelles interviennent d’ailleurs souvent dans les films de la saga Avengers. Ainsi, si l’arrivée des nouveaux personnages est somme toute logique, le déroulement des faits les poussant à intervenir, ces ajouts sont aussi intéressés, permettant d’ajouter plus de spectacle et de star power. La conséquence est que ces ajouts nécessitent de développer ces nouveaux personnages pour les rendre suffisamment intéressants, mais également de ne pas trop s’éloigner de l’intrigue principale. Les fans de Marvel se retrouvent donc avantagés grâce à leur connaissance de cet univers, ce qui est assez légitime puisque ces films leur sont directement destinés. Mais un blockbuster ayant pour première vocation d’attirer le grand public, attention à ne pas trop s’éparpiller et à ne pas trop compliquer la tâche aux néophytes.


De plus, à notre époque, les blockbusters n’ont de cesse de rivaliser entre eux, bien que l’on ait l’impression que nous sommes arrivés à un point où il ne reste plus grand chose à développer. Avengers : l’ère d’Ultron est un exemple de blockbuster réussi, car il parvient à régaler le spectateur et sa soif de sensations fortes, sans lui proposer un spectacle vide de sens, ni à l’intrigue anecdotique. Pourtant, un problème se présente. En effet, jusqu’où les blockbusters parviendront-ils à maintenir un équilibre sain entre spectacle et psychologie, sans que l’un n’empiète trop sur l’autre et ne dénature le film lui-même ? On le constate déjà aujourd’hui, à travers la répétition des structures narratives et des mises en scène imposées à ces différents blockbusters, répétitions en partie légitimée par leur succès : pourquoi changer une recette qui gagne ?


Cependant, cet équilibre reste fragile, et on le perçoit déjà quelque peu dans Avengers : l’ère d’Ultron, où l’intrigue a parfois tendance à se perdre et à se permettre quelques raccourcis scénaristiques. On sent que l’ambition est présente, mais que la pression qu’elle impose est parfois difficilement maîtrisée. Ce second opus présente toutefois une évolution, en travaillant davantage la psychologie de ses personnages, notamment à travers les passages où ils sont plongés dans un état de « rêve » par la sorcière rouge. Certains réalisateurs, comme Christopher Nolan, avec The Dark Knight, entre autres, ont pris le parti de réaliser des blockbusters centrés sur la psychologie de ses personnages, un pari d’ailleurs réussi au vu du succès rencontré par le film et la trilogie Batman en général. Cependant, ce pari ne peut être osé par Whedon (sans vouloir lui manquer de respect, puis Nolan c’est Nolan aussi) et sa saga Avengers, puisque son angle d’attaque est différent, car il mise avant tout sur le star power, tant à travers son casting, que par les personnages présents.


Ces éléments restent donc sources d’enjeux pour les prochains blockbusters à venir, notamment dans l’univers Marvel, mais aussi DC, qui rapplique l’année prochaine avec Batman v Superman, réalisé par Zack Snyder. Whedon a donc encore fort à faire avec le troisième volet de la saga Avengers, et le choix de le développer en deux parties, au-delà de l’effet de mode (après Harry Potter, Hunger Games et, hum, Twilight) et de l’intérêt économique, montre qu’il y a du boulot, et qu’il ne prend pas cela à la légère, ce qui est plutôt de bon augure pour la suite. Dans tous les cas, Avengers : l’ère d’Ultron est un divertissement efficace, qui tient ses promesses. Je ne me suis pas forcément attardé sur Ultron (du coup je le fais maintenant) par exemple qui, je trouve, incarnait un bon méchant, pas totalement cliché en mode « je vais détruire le monde pour le plaisir », mais aux réactions et intentions paradoxalement humaines sous son apparence de vilain robot. Sans être totalement irréprochable, mais sans trouver de raisons impardonnables pour lui jeter la pierre, Avengers : l’ère d’Ultron promet donc de passer un bon moment (dans une salle de cinéma de préférence bien sûr !).


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le 13 mai 2015

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