Alors qu’Avatar : La voie de l’eau semble se présenter comme le grand succès public de cette fin d’année, emportant tout sur son passage, il semblait judicieux de se rafraîchir la mémoire en se replongeant dans son aîné, qui fut déjà un phénomène à l’époque.


Au XXIIe siècle, le monde que nous présente Avatar semble avoir guère évolué. Certes, la technologie a progressé, mais l’humanité a continué à se perdre et à s’enfermer dans un urbanisme galopant, où errent des millions d’âmes. Cette représentation de notre futur ne sera que brève, par l’intermédiaire de la présentation du personnage principal du film, un ancien marine ayant perdu l’usage de ses jambes, qui vit seul et avec bien peu de moyens. La suite le mènera, et nous mènera avec lui, vers un autre grand rêve de l’humanité : la découverte d’autres mondes. Une découverte poussée par de multiples motivations, avec la curiosité naturelle d’aller vers l’inconnu, la volonté d’étudier de nouvelles espèces, mais aussi la conquête et le profit. Des visions qui vont vite se heurter et cristalliser les enjeux exposés dans Avatar.


C’est justement en croisant deux de ces aspects au sein d’un seul personnage que le film va alimenter son intrigue. Jake le marine a été envoyé en mission, mais c’est avant tout pour remplacer son frère jumeau, chercheur, qu’il intègre le projet « Avatar » qui permet à des êtes humains de prendre possession de corps de Na’Vi pour vivre parmi eux. En même temps, il doit rendre compte au colonel Quaritch, qui voit ces Na’Vi comme des obstacles dans ses souhaits de conquête et surtout dans son rôle de mercenaire épurateur pour des personnes souhaitant exploiter les ressources de Pandora. Avatar illustre un conflit intérieur, entre bellicisme et pacifisme, peur et découverte de l’inconnu, qui se mue en une grande épopée sur le rapport de l’Homme à la nature, sur le passé et le futur de l’humanité.


Tout s’initie dès les premières minutes du film, avec cet élément perturbateur : le meurtre d’un chercheur pour lui voler son porte-monnaie. Là où un esprit cherchait l’éveil, l’argent est venu écraser ses ambitions. Le reste du film suit également cette vision, où la recherche et la diplomatie sont vues comme des choses futiles aux yeux de la force brute incarnée par Quaritch et ses mercenaires, et aux yeux de ceux qui veulent le profit avant la paix. Avatar va notamment puiser dans le western pour chercher ses inspirations, avec cette nouvelle ruée vers l’or, et ces colons armés se confrontant à des tribus autochtones qui tendent justement à s’inspirer de traditions amérindiennes et africaines dans leur représentation. Cette guerre qui se déroule devant nos yeux n’a rien de foncièrement novateur ni surprenant, avec une histoire relativement classique sur la forme, un périple initiatique qui suit les étapes habituelles, un méchant bien méchant, des stéréotypes… Et c’est d’ailleurs ce qui a souvent été le principal reproche fait à Avatar : celui de confronter un film vendu comme révolutionnaire aux poncifs qu’il illustre à nouveau.


Mais l’ambition de Cameron ne réside pas dans la volonté de tout révolutionner. Au contraire, cette histoire, dans sa simplicité et son universalité, a pour but de toucher tout le monde et de parler à tout le monde, comme dans la volonté exprimée par les personnages principaux de réunir des peuples d’horizons divers. Et c’est sur d’autres aspects qu’Avatar se montrera plus impressionnant ou surprenant. Notamment dans sa capacité à être un film d’ampleur, avec cette capacité à jouer avec les échelles et à rapidement confronter l’humain au gigantisme de ce qui l’attend (au début du film avec les immenses bulldozers à côté des ouvriers, ou en montrant un Na’Vi à côté d’un humain, par exemple), quelque chose qui tend à être oublié dans d’autres grands blockbusters modernes.


On pense bien sûr à l’aspect technique avec ces effets spéciaux très poussés et l’avènement de la 3D moderne qui a été en grande partie porté par ce film. Avatar nous rapproche également de choses qui commencent à se matérialiser de façon de plus en plus concrète aujourd’hui, qu’il s’agisse d’aller sur d’autres planètes ou de l’incarnation d’autres personnages, notamment par le biais des métavers, chose qui se faisait plus via les jeux vidéo jusqu’ici. Avatar est un film qui impressionne, transporte et emporte, ne cachant pas les ambitions qu’il porte, dans une volonté d’aller toujours plus loin, et de découvrir de nouvelles choses.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29

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