Exercice délicat que de contester rapidement par un simple petit billet, le statut galvaudé d'un film, ici celui de chef d'œuvre. S'il y a bien des qualités que je ne peux enlever à cet "Autopsie d'un meurtre", il y a bien des défauts qui m'ont fait grincer les dents et sur lesquels on ne peut pas fermer les yeux.
Dans les 40 premières minutes, nous assistons à la préparation d'un procès. Ca démarre pourtant du bon côté, avec une sympathique bande son jazzy, pour accompagner la mise en place progressive des différents protagonistes, ainsi que la description progressive des faits. Les caractérisations des personnages et leurs attitudes mystérieuses, donnent forcément l'envie d'en savoir plus.
Comme le titre le suggérait, vous allez par la suite assister au décorticage scrupuleux d'une accusation pour meurtre. Brusquement, le film se transforme donc en huis-clos dans un prétoire et c'est à ce moment que l'ennui peut aisément s'installer. Pour faire court, les dialogues sont excellents, les interprètes encore plus, avec James Stewart en tête d'affiche, ce n'est pas étonnant, me direz-vous. Datant de la fin des années 1950, le long métrage n'a pas du tout vieilli. La mise en scène reste moderne et maîtrisée, tandis que la photographie en noir et blanc reste sublime.
Pourtant, ça reste abominable au niveau du ressenti. A partir du moment où le procès commence, je me suis senti emmuré dans cette salle d'audience pendant près de 2 heures. Imaginez-vous bien, une succession interminable de procédures et d'avocats qui se coupent sans cesse la parole à coup d'objections, quoi de plus fastidieux ? Presque exempt de montage, aucuns détails de ce procès ne nous est épargné, y compris les pauses entre les séances, qui donnent de lieux à de courtes et anecdotiques scènes de transition. Là où Hitchcock ajoutait une touche psychologique passionnante, Preminger parsème son récit d'innombrables détails, dans lesquels on se perd facilement.
Au fur et à mesure que les révélations se succèdent, l'indifférence reste la même car j'ai l'impression d'avoir assister à un cours d'éducation civique. Peut-être un modèle du genre, mais je demeure intiment persuadé, que l'oeuvre aurait pû être bien meilleure, si son auteur ne s'était pas égaré au nom d'une précision chirurgicale, ainsi qu'à celui du réalisme.
PS : Quand j'y pense, ce film serait excellent s'il avait été racourci, parce que 2h40 comme ça, ce n'est pas possible !!!! Ma note sanctionne cette erreur récurrente chez beaucoup de cinéastes (Hein, Kurosawa !? Non, vous n'avez rien entendu).