La trilogie pop et immature des Austin Powers fait partie de ces quelques bonnes séries de comédies américaines des années 1990 à 2000 grâce à son énergie débridée et le décalage de son univers. La parodie des films d'espionnage fonctionne si bien qu'on peut l'apprécier sans en saisir les références.


Des trois films, je retiendrais surtout le deuxième. Les deux autres offrent de bons moments, mais la première suite les supplante. Dans le premier, le décalage d’Austin Powers avec le monde actuel ne fonctionnait pas assez. Il était trop vaste, trop gênant. Le troisième apparaît comme une resucée, sans rien apporter de plus, un épisode best-of sans liant.


Austin Powers est le meilleur agent anglais des années 1960, un personnage excentrique, obsédé par le sexe mais toujours prêt à en découdre avec son ennemi juré, le Dr Denfer. Ce dernier voyage dans le temps pour enlever à l’agent secret son mojo, son pouvoir d’attraction sexuelle. Austin va donc remonter le temps, pour retrouver une Angleterre des 60’s pop, colorée, et pleine de vie.


Un environnement qui est celui d’Austin Powers, où il peut briller. Il s’y glisse comme dans un gant, il est chez lui. Ses excentricités, sa joie de vivre, et son appétit sexuel résonnent bien mieux dans cette Angleterre fantasmée qu’à l’époque actuelle et tristounette du premier. Il y a une osmose qui se crée, qui renforce chacun des gags. Rien de bien fin, le plus souvent graveleux, et pourtant sans la gêne du précédent, grâce notamment à des interlocutrices tout autant délurées que lui.


Le film souffre quand même de quelques petits écueils, le premier c’est d’avoir remplacé hâtivement l’histoire d’amour du premier, sous un prétexte complètement ridicule qui semble cracher à la figure du spectateur : « vous l’avez aimée dans le précédent ? On avait réussi à vous convaincre de la beauté de leur histoire d’amour ? Et bien c’est une pute/robot/clone/morte depuis [rayez la mention inutile] ». Pour les scénaristes, c’est toujours plus simple de créer une nouvelle histoire que de poursuivre la précédente.


Dans le cas d’Austin Powers, il faut bien reconnaître que c’est un personnage qui fonctionne à l’énergie sexuelle. Et tant pis pour la possibilité de le présenter au sein d’un couple et des gags qui en découleraient. Adieu donc Vanessa Kensington, bonjour Félicity Bonnebez. La substitution est plus facile à oublier que dans d’autres films, car Heather Graham est d’une sensualité rayonnante, et le personnage a le répondant d’Austin, le même parfum de libération sexuelle.


Si on peut reprocher l’esquive scénaristique, le spectateur n’y perd pas.


C’est tout de même moins le cas de l’arrivée du personnage de Gras-double. Mike Myers incarne les deux personnages principaux, les antagonistes Austin Powers et Dr Denfer dans un registre tellement différent que les deux semblent ne partager aucun trait physique. Une belle prouesse, pour deux des plus grands personnages de la comédie américaine. Mais, comme si Mike Myers remettait son titre en jeu, il ajoute dans cette suite le personnage de Gras-double, un gros plein de graisse qui jure comme un charretier, dont la vulgarité et les excès passent du côté obscur de la farce. C’est une addition inutile, qui affadit le charme de ce deuxième film.


Celui-ci n’en reste pas moins drôle. Il est même important pour la série Austin Powers, apportant de nouvelles pièces qui se coulent avec merveille dans l'univers d'Austin. Le premier, c’est le mojo, le pouvoir sexuel d’Austin. Et le deuxième, c’est le personnage de Mini-Moi, le clone nain du Dr Denfer. Autant d'éléments importants et bien trouvés qui font maintenant partie de l'ADN de la série.


C’est donc pour cela que L’Espion qui m’a tirée est si important. Il est drôle, déjà. Mais il replace Austin Powers dans un cadre qui lui permet de mieux briller, tout en apportant de nouveaux éléments à la série qui semblent couler de source, comme s’ils étaient déjà présents dans le premier. Le film est farfelu, excentrique, gentillement bête. Une suite qui surpasse donc l’originale, dans son histoire et son cadre, comme on en voit trop peu.

SimplySmackkk
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le 11 févr. 2020

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