Avérée évidence

Sans basculer dans le story telling racoleur, ce doc mène et démêle l'enquête en ménageant sinon un suspense au moins une adroite tension narrative. Au commencement, les accusations semblent ténues, voire franchement tirées par les cheveux. Prompt que je suis à m'agacer des phénomènes de masse et de mode, je me suis pris la main dans le sac, pas loin de verser dans un certain negationisme. D'une, je ne suis pas un militant féministe (par paresse, ignorance, retrait ou lâcheté), de deux, et surtout, le film ne qualifie les actes criminels que tardivement, après peut-être 20 ou 30 minutes.
C'est très habile. Non seulement cela temporalise les découvertes au fil du processus d'investigation, mais surtout on se retrouve dans la peau du dubitatif, incredule ignorant qui crie au complotisme, au conformisme, ou au parti pris à tout bout de champ. Quand tombent drus les preuves, les témoignages, par centaines, les compromissions, les implications, les complicités, les enjeux, que la qualification des crimes est prononcée, on prend dans les dents l'ampleur de l'affaire.
Et on commence à se faire une idée de la souffrance. Douleur à multiple détente : l'acte et ses conséquences sur la durée, le déni en toute mauvaise foi des compromis, la haine des imbéciles, et l'incurie des incrédules, celle-là même à laquelle on nous a fait goûter en retardant l'énoncé des faits.

Il a bien été fait usage de procédé narratif. Avec finesse, selon moi, à propos et sobriété. Plus d'ailleurs que la procureure, qui a opté pour le terme "survivantes" plutôt que "victimes". Les plaignantes ont en effet dû combattre pour faire tomber un homme très protégé, et pour l'instant, vaciller des instances très politiques. Le terme "survivantes" me paraît cependant assez impropre, Lassar n'est pas Dutroux. Il est sans doute un peu maladroit. Mais il pointe aussi les obstacles que ces femmes ont renversés: omerta, toute puissance des coupables, bien sûr. L'incurie du chaland qui vota, comme en exergue, l'exfiltration du médecin pédophile vers l'université, nouveau champ d'exploration, fut sûrement un autre danger que le terme "survivantes" devait parer.

Si j'intitule cette critique "avérée évidence", c'est qu'il m'a toujours semblé que certains spectacles sportifs ou assimilés étaient, au minimum, suspects. De la pom-pom girl à la joueuse de tennis en micro jupe, de la volleyeuse en mini short à la patineuse "artistique" aux jupons virevoltants, je rigole si on me dit que le spectacle n'est que sportif.

Si je ne suis jamais allé au Moulin Rouge, c'est un hasard. J'aime l'érotisme, ces danseuses savent ce qu'elles font, moi aussi en les reluquant. Je veux bien assumer ce "vice", qu'en est il des hypocrites mateurs de petites filles au gymnase?
Mais bon, pourquoi s'indigner encore, quand Papes et autres prélats de tous bords sont toujours dans les parages?