L'esthétique au détriment de la construction narrative

Après The French Dispatch, nouvelle déception dans la filmo de Wes Anderson. 

Comme toujours chez lui, tout est esthétiquement magnifique et travaillé dans un détail tel que ça frôle toujours le plus que perfectionnisme. L'ambiance du film est extrêmement agréable et chaleuse teintée d'une mélancolie qui est la bienvenue mais malheureusement, rien n'arrive à nous toucher en profondeur. 

Cette ville "Astéroïd City" qui n'est que le décor d'une pièce de théâtre à Broadway fait penser à cette Amérique paumée au milieu de nulle part, là où se déroule beaucoup de fantasmes, de complots, où vivent des trumpistes et j'en passe. Les personnages de la pièce se retrouvent forcés à cohabiter au milieu de ce décor et il aurait été intéressant de voir toutes ces personnalités évoluer entre elles tant elles sont différentes et elles auraient pu être bien plus mise en exergue. 

Cette double mise en abîme de la pièce racontée par Bryan Cranston puis de la pièce elle-même jouée par tous les personnages témoignent d'une forme de méfiance du réalisateur envers son sujet. On sent une perte de confiance, de vitesse, Anderson veut raconter bien trop de choses avec si peu. Ce qui est terrible c'est qu'on a la sensation de passer à côté d'un film qui aurait pu être sublime. Sucrer la pièce et raconter simplement la vie de ces personnages dans cette ville et laisser le spectateur à sa propre interprétation aurait été plus judicieux selon moi. Dans le film Anderson vous raconte tout: c'est une pièce, découper en "tant" d'acte, puis il y a l'épilogue etc. pourquoi nous donner tant de détails pour quelque chose qui n'apporte rien au scénario? Pourquoi ne pas mettre en scène cette ville fictive de manière théâtrale sans rien ajouter de plus afin de laisser place à l'imagination du spectateur? Là encore on sent un manque de confiance chez Anderson. 

Quelques moment très touchants et poétiques sont à noter: toute la séquence avec l'alien est très poétique, la relation entre Schwartzman et Johansson, la scène entre Scwhartzman et Robbie... mais tout ça est assez maigre pour un peu plus de deux heures de film. 

Pour revenir sur le cast 5 étoiles du film, je trouve assez "irrespectueux" (avec de gros guillemets mais j'y viens) que Anderson ait pris autant d'acteurs bourrés de talent pour ne leur faire jouer que des scènettes. Les seuls qui ont un temps de présence à l'écran décent sont Schwartzman et Johansson, les autres c'est franchement de l'irrespect au regard de leur talent. Robbie à une scène de 2 minutes mais crève l'écran et c'est bien la seule à qui le réal a donné une scène sur laquelle un de ses acteurs pouvaient s'exprimer. J'ai de la peine pour Tom Hanks, Tilda Swinton ou Steve Carrell...On peut au moins reconnaitre à The French Dispatch qu'il leur donnait cette opportunité de pouvoir s'exprimer... 

Pour en finir, le film est doté d'une esthétique magnifique qui regorge de détail, comme toujours chez Anderson; mais repose sur un scénario bien trop déconstruit qui souhaite raconter trop de chose mais ne raconte rien emmené par un cast sous-exploité.