Un couple de français qui vivent en Galice, une région espagnole, font face au mépris et à la xénophobie de leurs voisins pour une sombre histoire d'éolienne qui pourraient les enrichir et les sortir de cet endroit perdu. Ce conflit va aller jusqu'au point de non-retour.


Après ce formidable film qu'est El Reino, j'étais curieux de voir un nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, et cette fois avec un duo (voire trio, j'y reviendrais) d'acteurs français du calibre de Denis Ménochet et Marina Foïs. Et encore une fois, j'ai été saisi par non seulement la puissance narrative du récit, mais aussi par le jeu de Denis Ménochet, qui n'a rarement autant été meilleur qu'ici (avec Jusqu'à la garde). Alors que de manière ironique, il a été récompensé aux Goya (les César Espagnol), mais il n'a pas vraiment été reconnu en France à la mesure de son talent, on sent la puissance qu'il émane de lui, non seulement par son physique imposant, mais aussi par la tension, presque comme sur le point d'exploser de rage, qui semble l'habiter, plus particulièrement quand il fait face aux deux frères fermiers, qui sont ses plus farouches opposants.


D'ailleurs, tout le film est dans cette tension permanente, avec trois scènes qui m'ont cloué sur place : les deux frères qui entourent le couple français autour de leur voiture, la rencontre entre Ménochet et l'ainé, et Marina Foïs, elle aussi formidable, face à sa fille. Inutile de dire qu'en sortant de cette histoire, on est plus tendu qu'autre chose, et c'est à porter à la superbe mise en scène de Sorogoyen, qui fait monter l'angoisse à partir de trois fois rien, mais on sent que ça monte crescendo... jusqu'à un twist qui surprend, et en même temps va rebattre les cartes.


As bestas est comme ces paysages désolés de Galice ; il semble semble seul, éloigné de tout, baigné de mystère (on ne saura jamais pourquoi ce couple français a décidé de s'installer ici en particulier), mais est très impressionnant. Désormais, Rodrigo Sorogoyen fait partie de ces réalisateurs européens, à l'instar de Paolo Sorrentino, dont chaque projet va être attendu avec impatience, car là, c'est une réussite majeure.

Boubakar
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le 20 mars 2023

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