Anti-Squat
5.9
Anti-Squat

Film de Nicolas Silhol (2023)

Antisocial, tu perds ton logement

Un film plutôt intelligent sur la crise du logement. On avait déjà eu "Le Marchand de sable" de Steve Achiepo plus tôt dans l'année, qui vaut aussi le détour, mais ici l'angle est différent.

Je ne connaissais pas le concept de "protection par l'occupation", qui est un concept qui me semble tout de même bien étrange, mais la manière dont le film se le réapproprie pour critiquer la manière un peu trop individualiste dont on a de considérer le logement, alors que comme le dira la patronne d'Inès : "on est dans le même bateau" (un comble). Et le film essaiera de dessiner un non-manichéisme dans les relations entre les personnages, à la fois victimes des uns, mais bourreaux des autres. Cela en devient parfois un peu trop didactique et facile, notamment quand Inès donne un règlement à son fils Adam, qui sera étonnement ressemblant à celui qu'elle donne à ses résidents ; ou quand l'une de ses résidentes avouera avoir cachée sa grossesse, ce qu'elle justifiera par la fameuse phrase "tu m'aurais pris si t'avais su ?", qui sera reprit stricto sensu par Inès elle-même, quand elle devra justifier qu'elle a cachée son fils à son supérieur.


On aura aussi un parallèle avec le militantisme du fils vis-à-vis de la réforme du lycée. Il n'y a pas vraiment de critique directe de cette réforme, mais c'est sur la forme que ce détail a son importance. Quand son fils n'hésitera pas à défendre ses droits, Inès passera son chemin. Et cela fait écho à ce que disait le professeur d'histoire d'Adam, sur le fait que pendant l'occupation, la plupart n'étaient ni résistants, ni collabos, et subissaient juste la situation et tentaient de continuer leur vie. Tout en finissant par dire qu'il aurait probablement fait la même chose que ces derniers.


Le casting fonctionne bien dans l'ensemble, avec une Louise Bourgouin solide, un Samy Belkessa plutôt à l'aise et touchant, quand bien même je ne suis pas fan de son rap, mais j'ai pas mal apprécié sa scène de rap avec Ike Ortiz. Et je citerai Antoine Gouy, car j'adore vraiment cet acteur, et je le trouve pas mal dans ce film-ci.


Bref, un film touchant et plutôt nuancé sur le sujet complexe et brûlant que sont les problématiques de logements et de squats, et sur la nécessité de changer les choses pour le bien de tous, que ce soit pour celui des propriétaires ou des potentiels locataires.


(Vu le 8 septembre 2023)

On en parle dans le Ciné-florg #52

Tiflorg
7
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le 17 sept. 2023

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