Par où commencer ? Bien qu'ayant un récit chronologiquement linéaire, il est difficile de trouver un point de départ pour parler d'Annette tant le film est fourni, tellement fourni qu'il en est presque étouffant, le film respire très peu, tout ressemble à une noyade, ce qui semble être au coeur du récit.


J'ai adoré regardé Annette, ou plutôt, j'ai adoré plonger dans cette épopée surréaliste pourtant si bien ancrée à notre époque.
Si le premier tiers du film se contente de nous offrir une histoire d'amour plutôt banale entre 2 artistes mais qui offre son lot de modernité dans la manière dont il le fait, c'est vraiment avec la naissance d'Annette qu'on commence à explorer ce couple glamour, leurs défauts et leurs craintes.
La naissance d'Annette est donc l'élément déclencheur aussi bien dans l'évolution des personnages : de par sa naissance, la vie de couple idyllique des débuts cesse et laisse place aux mauvaises habitudes de ce qui semble être devenu l'antagoniste, le père d'Annette.
Mais aussi dans la mise en scène, accoucher d'une poupée en bois, une symbolique que j'ai trouvé très forte tant elle est annonciatrice : Une poupée que ses parents vont pouvoir utiliser à leurs fins de différentes manières, une poupée de bois, matériau résistant à l'eau.
Un accouchement qui ouvre les portes de la liberté de s'éloigner de la réalité à la mise en scène, un éloignement maîtrisé pour une mise en scène naviguant entre euphémisme et hyperbole.


J'ai adoré ressentir Annette, du début à la fin j'ai eu l'impression de retenir mon souffle, je me suis senti submergé par mes émotions mais aussi ceux des personnages. Je me suis moi-même noyé dans ce récit, parfois si frénétique que les images se superposent. Donnant à la parole du narrateur en scène d'ouverture un côté quasi prophétique sur l'état du spectateur durant cette traversée. J'ai été amené à être au maximum de mon empathie envers Annette, une simple poupée qui m'a pourtant touché par son côté si expressif, sans même dire un mot.


Un récit qui manque peut-être parfois d'émotions dans ses scènes, sauf quelques unes dont la première représentation d'Annette sur scène. Un chant venu tout droit des abysses, l'endroit tant redouté par son père, lui qui ne voulait pas le regarder puis qui a fini par y plonger.
Un chant venu d'un autre monde, comme ce bébé, comme l'endroit où repose sa mère à ce moment là.
Cette scène m'a fait voyager, entre autres, là d'où elle vient.
Je pense malheureusement que le personnage de l'accompagnateur-puis-maestro n'a pas eu la place qu'il méritait dans le récit, à l'image de la place qu'il n'a pas eu aux côtés d'Ann, une place qu'il aurait pu avoir aux côtés d'Annette.
Mais la scène où il chante We Love Each Other So Much donne un autre sens à cette chanson, elle donne un autre sens à sa place dans le récit et ses larmes font écho aux miennes à ce moment précis.


Pour conclure, j'ai adoré nager tant bien que mal à travers les thématiques que propose Annette.

Desquilberg
8
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le 7 mars 2022

Critique lue 49 fois

Desquilberg

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