– Ah bon déjà ?
– Non mais je viens juste piquer un potentiel jeu de mot à Guy.
– Ah lequel ?
– Le mari honnête et l'enfant marionnette.
– Mais il n'est même pas honnête le gars.
– Et celui-là ? Adam et Marion nets ?
– Too much celui-là.


– La vérité c'est que je suis ici parce que je veux dire ce que j'ai aimé dans Annette.
Je sais bien que tout le monde en parle mais l'intro rappelle clairement la scène dans l'église de Holy Motors, et moi ça m'a filé la larme à l'œil.
– Ou bien c'était la fatigue. J'ai bien vu que tu n'arrivais pas à dormir hier soir. C'est la faute à Ombre & Lumière. Ça ne te détend pas assez j'pense.
– Tu penses ?


– La vérité vraie c'est que je cherchais dans Annette quelque chose que je ne trouverais peut-être jamais. Un trouble. Un doute. Un parfum. Un goût. Une œuvre que je ne saurais saisir pleinement. Je cherchais le frisson d'une première rencontre comme un fumeur recherche cet effet du tabac qui vous fait légèrement tourner la tête lors de sa première taffe. Comme l'on cherche sans cesse ce sentiment de nouveauté, intimement lié au plaisir d'être désarçonné par l'inconnu. Retrouver sa solitude après avoir passé trop de temps entouré, ou l'inverse.
Comme écrire un billet après des mois de silence.
– Non là tu rêves mon couillon, tout l'monde s'en branle.
– Boarf, c'est un moyen comme un autre de leur donner du plaisir.


– Tu disais ?
– Je disais que je n'arrivais pas à trouver ce que j'étais venu chercher dans le nouveau film de Carax.
– Et tu as envisagé la possibilité d'être dans l'erreur ?
– Oui. Par conséquent je me suis raccroché à un détail. Quelque chose qui m'a frappé instantanément lorsque les deux spectacles, celui d'Henry et celui d'Ann, sont montés en parallèle.
J'avoue que je n'ai pas lu toutes les critiques disponibles, mais j'aurais aimé que quelqu'un me parle du vert dont est affublé Henry. Sa veste, son peignoir, la lumière sur ses spectateurs, les lumières du tunnel qu'il traverse pour aller rejoindre Ann. Même un plaid sur le lit est vert. A contrario Ann (et plus tard Annette) est vêtue de tons chauds, jaune, orange, rouge, leur univers en est d'ailleurs empli.
Pour vous expliquer mon doute c'est que ce qui oppose ces deux artistes c'est que lorsque l'une se produit dans un lieu qui répond à des codes (le théâtre, l'opéra) que l'on sacralise quelque part (Ann dira à Henry, "il n'y a donc rien de sacré pour toi!?", ou un truc du genre, fin tu vois quoi), l'autre se produit dans des lieux bien moins sacralisé, voire pervertis (Las Vegas fin bon.)


– Mec c'est long. Où veux-tu en venir?
– C'est long mais tu me coupes à chaque fois que je touche quelque chose du doigt.
– Ouais abrège.
– Donc je cherchais une critique qui me parlerait du vert parce qu'au théâtre, le vert est une couleur interdite, on dit qu'elle porte malheur. #faitesvosrecherches! Je trouvais ça super intéressant et même si peu subtil.
Autre chose d'un peu plus subtil bien que Carax nous file l'explication de texte et qu'on se frappe du poing dans notre paume ouverte en s'exclamant "Ah oui, mais bien sûr ! Génie !" : L'enfant marionnette.


– Donc tu dis que c'est génial puis tu colles 3. Mec faut que t'arrête netflix, ça te ramolli le cerveau.
– Mouais.
– Non mais c'est comme souvent, t'attendais un film qui te régale de toute part, et au final tu te retrouves devant quelque chose d'à la fois fascinant sous certains aspect mais trop faible par endroit et tu ne retiens que les faiblesses. Pas l'envie de bien faire.
– Oui mais c'est trop évident cette envie de bien faire, moi ça me gâche un peu.
– Ouais bah t'es qu'un connard. En plus t'as aimé Adam Driver, gigantesque, monstrueux, investit. Et le retour du comeback de la scène de cunnilingus, ça aurait valu plus 10 y'a pas si longtemps.
T'as changé !


– La vraie vérité c'est que malgré tout ça, je me suis souvent ennuyé devant Annette et que cherchant quelque chose que je ne trouverais jamais (mais c'est une idiotie que de se comporter ainsi) j'en ressors déçu. Voilà.



XOXO


Kenshin
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le 12 juil. 2021

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