La vie est un procès

Après l'audacieux mélodrame romantique qu'était Sybil, formellement superbe, Justine Triet fait le choix d'un retour à une esthétique naturaliste pour raconter cette histoire vraisemblablement plus sentimentale que criminelle. Le cadre du procès sert d'outil d'analyse et de déconstruction du couple, de la famille, que les auteurs, Triet et son compagnon Harari, nous proposent de découvrir.

Le genre du film de procès semble en vogue ces temps-ci dans le cinéma français, après les succès de La fille au bracelet et d'Une intime conviction. Le succès public de cette palme d'or ne le dément pas. Sans être inintéressant ni ennuyeux le film ne surprend cependant pas, déroulant didactiquement les arguments en faveur de monsieur ou de madame et éclairant peu à peu sur la situation de ce ménage en perdition. En choisissant de raconter une histoire purement fictionnelle il parait cependant un peu arbitraire d'avoir donné à ce point le mauvais rôle aux personnages de l'accusation. Si l'on veut bien croire que la justice française soit perfectible cela semble ici trop facilement servir l'intrigue et le propos de la cinéaste pour ne pas déranger. Ceci d'autant plus que le choix de personnages romanciers (ou wanna be romanciers) amplifie le sentiment d'un film hors-sol, qui traite d'un sujet important mais à travers un prisme trop restreint.

Sur la question des secrets de l'âme humaine, des ambiguïtés dans le couple et dans la famille, et de l'échec persistant du processus judiciaire à mettre au jour la réalité, on préfèrera la série HBO The Staircase, adaptée d'une fascinante et dérangeante histoire vraie. Histoire vraie bien plus instructive que la présente fiction.