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Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec Anatomie d'une chute, son meilleur film et aussi le plus ambitieux. Tout en reconnaissant le savoir-faire de la mise en scène et l'intelligence du scénario, une question peut toutefois se poser dans le cas des films de procès : les plus vertigineux sont-ils ceux qui partent de faits réels, comme Saint Omer, par exemple, ou ceux qui ne sont que pure fiction, comme Anatomie d'une chute ? Les premiers aurait-on tendance à déclarer mais tout n'est-il pas finalement lié au talent du ou de la cinéaste ? Anatomie d'une chute dissèque le mécanisme d'un procès, les intentions de la défense, les angles d'attaque de l'accusation, et ce côté documentaire, s'il est convaincant, n'est pas particulièrement neuf, sans vouloir à tout prix convoquer les œuvres de Cayatte, pour comprendre que rendre justice est une entreprise délicate et imparfaite. Plus largement, avec une certaine cruauté, le film montre un couple en crise, tout en laissant au spectateur le soin de décider in fine les torts de l'une et de l'autre et, par conséquent, s"il s'agir d'un suicide, d'un accident, ou d'un crime. Dans ce jeu de la vérité introuvable, les autres membres du foyer concerné ont aussi leur rôle à jouer : le fils malvoyant et un chien très expressif. L'ordonnancement des scènes et l'évolution dramatique sont très habiles mais est-ce que l'ensemble méritait une récompense suprême à Cannes ? C'est en tous cas une façon de rendre hommage à la formidable Sandra Hüller, de retour aux sommets qu'elle avait atteints avec Toni Erdmann.

Cinephile-doux
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le 28 mai 2023

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