Très franchement, j'ai passé un agréable moment devant ce film.
Déjà je note que Dupontel soigne sa mise en scène, avec de jolis plans, quelques idées intéressantes, et et un choix de couleur relativement audacieux. Bon, pour ce dernier point, disons qu'il nous fait du Jeunet, ça passe ou ça casse, mais à titre personnel, je trouve ça sympathique.
Par ailleurs, il sait tenir son rythme. Ni trop long ni trop court, le film m'a semblé éviter les longueurs, va droit au but sans trop de détours... à quelques nuances près : cf. les scènes avec le docteur amnésique (point d'orgue émotionnel me concernant... un bon point à souligner, en dépit du manque de liant avec l'histoire principale).
Enfin (et surtout ?), les acteurs principaux sont de haute tenue, et justifient (presque) à eux seuls le déplacement. Bien que les personnages soient peu développés, ils ont des caractères bien trempés, et sont incarnés de manière très convaincante.
Jusqu'ici tout va (plutôt) bien donc... Malheureusement, le film se vautre partiellement, la faute à une écriture maladroite.
Petit aparté : il s'agit du troisième Dupontel que je visionne (après 9 mois ferme et Au revoir là-haut) et j'ai pour le moment le même problème avec sa filmographie. Ses films me transportent globalement, mais manquent de subtilité, comme si la forme l'emportait toujours sur le fond.
L'élément le plus dérangeant concerne le propos du film, globalement manichéen et démagogique.
Par exemple, on part en début de film sur une petite blague rigolote sur les violences policières... qui finit par devenir lourdingue tant elle est répétée à l'envi, sans aucun contrepoint permettant un discours de synthèse éclairé. C'est un parti pris certes, mais on est en droit de le trouver d'une bêtise affligeante.
De manière similaire, le discours passéiste du film, bien que non dénué de pertinence, est tellement convenu qu'il en devient ronflant. Le monde du travail est également égratigné, bien maladroitement lui aussi.
Enfin, les antagonistes du film, ces fameux "cons", le sont réellement (c'est raccord avec le titre du film, bien joué pour se dédouaner, Albert !). Et malheureusement, j'ai tendance à trouver assez "connes" les œuvres qui ne prennent pas le temps d'humaniser leurs "méchants", mais qui se contentent de les dessiner grossièrement (et donc de les faire passer pour des "cons", pratique). Un petit coucou à Good Morning England (exemple qui me vient en tête), que je n'avais pas du tout aimé, en grande partie pour cette raison.
Pour résumer, on dira donc que le film, bien que formellement réussi, est à la fois cliché et réducteur dans l'approche de ses thématiques. On pourra me rétorquer (plutôt à raison) qu'il s'agit d'un conte avant tout, où la subtilité est parfois mise au second plan. Je répondrais qu'on peut tout à fait traiter les sujets de manière simple, sans pour autant tomber dans le simplisme.
Enfin bref Albert, tu as de bonnes idées et tu t'en sors pas trop mal niveau esthétique, ok. Mais si tu veux tutoyer l'excellence, lis des bouquins, soigne ta gauche (et peut-être ta droite aussi, histoire d'avoir une vue non pas apolitique, mais plus globale et moins bornée), et peut-être que tes histoires vaudront vraiment le coup les prochaines fois.
Aparté de fin de critique : César du meilleur film complètement injustifié à mon sens, tout comme pour Au revoir là-haut, déso pas déso