Le pitch de départ était plutôt fun, un macho, suite à une séance d'hypnose, voit son corps investi par une âme qui est en tout point son opposé. En se souvenant de quelques réalisateurs ibériques ayant filé dans le fantastique (De la Iglesia, Plazza...) on pouvait imaginer une satire sociale mordante et quelques francs éclats de rire.
Mais le film n'ai jamais vraiment mordant, à peine mordillant, car il est un peu mollasson dans son développement. Les situations sur la papier y sont pourtant, mais les scènes sont trop longues et bavardes pour être vraiment corrosives (reproche que je faisais déjà sur "Les nouveaux sauvages" de Damián Szifron). Alors bien sur c'est très plaisant notamment grâce à Maribel Verdú qui est disons-le irrésistible et l'habillage du film assez convaincant.
Mais à cette légère déception s'ajoute une autre, de taille celle-là la fin ! Où l'on passe d'un coup de la comédie fantastique romantique à la comédie horrifique gore, véritable plagiat des productions du genre des années 70/80. Mais ce qui saute aux yeux, est cette similitude avec REC 3. Même lieu de tournage (salle du mariage), même manière de filmer le massacre... Et l'on se dit que Pablo Berger a manqué d'imagination ou a raté un pseudo hommage. Dans les deux cas, cela discrédite totalement son film...
Il aurait fallu à mon goût ne pas mélanger les genres et s'en tenir comme l'avait fait en son temps, Ferzan Özpetek avec son délicieux "Magnifica Presenza" où le choix scénaristique d'une histoire somme toute assez légère (des fantômes occupent une maison qui fut jadis un théâtre et ne veulent en aucun ca décamper), était assumée car valorisée par un humour constant, un casting cohérent et quelques rebondissements sentimentalo-comiques du meilleur effet. Ici Pablo Berger ne semble pas prendre en considération l'unité du récit se contentant de juxtaposer des plans soignés sans réelle homogénéité... nous laissant parfois au seuil de l'ennui.
De même, le message féministe, heureusement sauvé par la fin, est un peu dilué, voire oublié si l'on confronte les deux entités masculines qui au final sont aussi nocives.
Au final, je ne peux être complétement négatif sur le film car j'ai quand même souri quelques fois, mais il est certain que "Abracadabra" ne rehausse pas les couleurs d'un cinéma espagnol bigarré, souvent contestataire et très ancré dans les problématiques contemporaines.