Même si elle occupe le haut de l'affiche de En los márgenes (traduit peu heureusement par A contretemps), avec le toujours impeccable Luis Tosar, et qu'elle en est également productrice, il ne faut pas y voir un film dévolu à Penélope Cruz, dans lequel elle interprète d'ailleurs à dessein un rôle modeste et peu valorisant. Non, la "vedette" du film est son sujet, une chronique sociale à la Dardenne ou à la Loach, autour de la crise du logement à Madrid, et des expulsions en série des populations les plus défavorisées (jusqu'à 100 par jour en moyenne, ces dernières années). Le film se situe en plein chœur de la précarité, dans le sens où il suit plusieurs personnages, simultanément, sur 24 heures chrono. D'où la tension éruptive qui en résulte, sur un mode de thriller, avec un concentré de colère, de honte et de solidarité au programme. Le cocktail se révèle plutôt efficace, montrant que les problèmes économiques rejaillissent fatalement en négatif sur l'équilibre des familles, que l'on soit époux, fils ou mère. Le film n'a que de bonnes intentions mais il a aussi la main très lourde pour traiter son sujet, nous prenant parfois comme otage de situations on ne peut plus mélodramatiques. Cela est particulièrement visible et embarrassant dans ses toutes dernières minutes, à l'issue d'une journée et d'une nuit harassantes.

Cinephile-doux
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le 30 mars 2023

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