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Pire film de son auteur: pas drôle, daté et surtout écoeurant par sa prise en otage émotionnelle fin

Mais qu’est-il arrivé à Dany Boon? A la vue de cette insulte à l’intelligence et au bon sens qu’est « 8 rue de l’Humanité » on se le demande. Qu’on aime ou pas son cinéma, l’auteur a toujours été honnête avec lui-même et son public. Et ses comédies, notamment les premières avec « Bienvenue chez les Ch’tis » ou « Rien à déclarer », étaient de véritables bouffées d’oxygène et de rires, populaires juste comme il faut si on est adepte de comédies françaises typiques. Ici le cinéaste prend un risque en utilisant une crise majeure encore d’actualité pour en faire le sujet de sa nouvelle comédie tournée pendant le confinement. Pourquoi pas ? Comme dans l’humour, et en pleine période malheureuse de « cancel culture » et de « wokisme », il serait dommage d’appuyer cette tendance en se refusant certains sujets ou autres tabous. Mais alors là, c’est franchement raté, lourd et daté.


Comment appréhender cette simili comédie ? Un hommage envers les victimes du Covid ? Non, « 8 rue de l’Humanité » est bien trop maladroit, malhonnête et prend son public en otage juste sur la fin en prenant cette direction avec des scènes larmoyantes et forcées destinées à nous apitoyer. Franchement à vomir. Une publicité pour le vaccin alors ? Parfois on se le demande tant il est présent et qu’il ne sert en rien l’histoire... Surtout dans un film censé être comique et non une publicité pour la science corrompue et Big Pharna. Et le personnage de savant fou d’Yvan Attal est vraiment le talon d’Achille du film, qui le rend encore plus mauvais et agaçant qu’il ne devrait. En totale roue libre, le comédien qui est certainement venu cachetonner pour financer son prochain film se révèle mauvais et une véritable tête à claques. Une chronique de voisinage peut-être ? Oui c’est un peu ça mais à la sauce « Plus belle la vie », tellement les décors font toc et les personnages sont caricaturaux. Quant au rapport entre voisins, ils sont exacerbés, ridicules et exagérés, pires que dans une mauvaise telenovela espagnole. Ou une pantalonnade sur les habitudes du confinement et les mesures sanitaires ? Oui, certes, et c’est à ce niveau que c’est le plus réussi mais c’est parfois tellement lourd, avec toute velléité de finesse d’écriture laissée sous clé, qu’on a du mal à esquisser ne serait-ce qu’un sourire. Mais il y a quelques vérités assénées de-ci de-là qui redonnent espoir. En vain!


Le pire dans tout cela : Dany Boon qui se met en scène et – comble de la paresse – qui rejoue le même rôle que celui qu’il tenait dans « Supercondriaque ». En gros, le mouton (pour cela il a d’ailleurs tout bon au vu du message du film) qui a peur d’attraper le virus et part dans les extrêmes les plus inimaginables! Quoique, la réalité nous a montré que ce genre d’hurluberlu lobotomisé n’est pas que de la fiction. La palette des personnages créés est en revanche raccord avec le spectre de réactions possibles au Covid. On va du fanatique paranoïaque du virus précité au complotiste en passant par ceux qui s’en moquent ou encore ceux qui pensent à leur commerce. Mais quand on voit que la balance penche sérieusement du côté de la propagande sanitaire, on se dit que le comédien aurait mieux fait d’écrire des gags dignes de ce nom, des dialogues ciselés et des situations plus originales et drôles que ce vaudeville suranné et poussiéreux fait pour plaire à Macron. On sait que les productions cinéma Netflix ne sont pas toujours très exigeantes niveau qualité mais là le comédien ne s’est pas foulé et nous déçoit avec sa morale lourde et bienpensante enrobé dans son histoire de quartier. Bref à éviter, surtout que cela dure deux très longues heures où seuls deux ou trois moments touchants et un rictus viendront nous sortir de cette catastrophe.


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JorikVesperhaven
4

Créée

le 22 oct. 2021

Critique lue 650 fois

6 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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