Tintin au Tibet serait-il le climax des aventures du héros belge ? L'altitude ici atteinte par nos héros justifie-t-elle la montée au pinacle de cet album, souvent jugé meilleur que Le Lotus Bleu, pourtant perle du genre ? Je ne pense pas, car le récit manque de tension dramatique. S'ennuie-t-on vraiment dans le Tibet ? Eh bien non, pas vraiment, mais ce n'est pas passionnant non plus. Un album plat, bien qu'il se passe dans les montagnes. A part certains moments de bravoure, comme quand Tintin et Haddock se tiennent par un fil et que l'un des deux doit se sacrifier, le récit semble hésiter entre aventure et récit philosophique. Le moment chez les moines tibétains est long... Seul le « migou » (le yéti) est un personnage intéressant, car ambigü. Voilà ce qu'il manque dans cet album : de l'ambigüité. C'était courageux de faire un album sans méchants, sans obstacle autre que la nature (très hostile, s'entend), mais ne même pas insuffler de l'ambigüité dans les personnages, c'est en faire un récit plat et écrit d'avance. Tintin est bon, « pur » (Où est le Tintin castagneur des Soviets, tueur d'animaux du Congo?), Haddock est bourru mais bon au fond, etc. Seuls Milou (partagé entre le bien et le mal) et le migou (violent, égoïste- il veut Tchang pour lui tout seul- mais paternel) rendent le récit plus nuancé, cette histoire plus humaine. Voilà un album trop tintinesque, où Tintin est trop parfait, la neige trop blanche.