Un portrait d'une société miniature, percutant et réussi

Oh Yeong Jin est parle beaucoup de la société coréenne dans ses BD, que ce soit dans la relation entre les deux Corées (Mission Pyongyang, Le visiteur du sud) ou dans ses défauts et aspérités dans le très beau Adulteland.
Ramdam à tous les étages est une sorte de satire de certains aspects négatifs de la société coréenne (défauts également présents dans d'autres pays). Nous suivons les habitants d'un vieil immeuble dans un quartier quelque peu délabré de Séoul. Les habitants de cet immeuble vivent paisiblement jusqu'au jour où le nouveau propriétaire de l'immeuble débarque avec la ferme intention d'augmenter ses profits. Le propriétaire est chirurgien et directeur d'une clinique, pourtant il emménage au troisième étage de son immeuble avec sa femme et son fils dans l'intention de surveiller et contrôler ses locataires. Son objectif étant de rénover l'immeuble afin d'être plus attractifs et donc rentable.
Les habitants de l'immeuble ne vont pas voir d'un bon œil cet homme agressif qui est intrusif dans leur vie privée. Un jeune étudiant en droit (qui vie dans une cabane sur le toit) va déclencher une révolte. S'est ainsi que les relations vont sans cesse empirer entre les locataires et le propriétaire. Ce dernier n'hésitant pas à abuser de sa situation, à manipuler et à franchir la limite de la légalité pour arriver à ses fins.
Le panel de personnages dépeins par Oh Yeong Jin est aussi diversifié qu'intéressant. Entre le chômeur passionné de cuisine qui s'occupe du linge et de sa fille pendant que sa femme st au travail, le jeune étudiant en droit, la vieille femme qui vie seule avec pour dernier compagnon son chien, un musicien qui n'arrive pas à joindre les deux bouts et j'en passe.. Chaque personnage doit lutter pour vivre et ne pas être écraser pas ceux qui pensent avant tout au profils. La société qui est montré ici est cruel et impitoyable. Les personnages n'en profitent pas pour s'entre aider (ou bien rarement au travers du personnage du chômeur qui semble être le point de vue de l'auteur). Le propriétaire n’hésitant pas à tous les manipuler pour servir ses intérêts.
Le ton du récit est en apparence léger et humoristique tant les réactions des personnages sont exagérés et les situations loufoques. Pourtant, le sens de ce qui est raconté est souvent horrible tant les relations humaines sont sournoises et perverties par l'argent et les conflits d'intérêts. O Yeong Jin
nous plonge dans une société où le faux semblant est roi et où la vérité est souvent déformée.
Le dessin, tout en couleur est assez spécial (comme toujours avec l'auteur). Proche de la caricature, il est très expressif et apporte une ambiance unique au récit. Le dessin est peu attractif, pourtant il serait dommage de passer à coté de cette BD tant il est au final une force pour le récit.
Ramdam à tous les étages est une œuvre originale et plus puissante qu'elle n'y paraît quand on regarde sa couverture. Au travers d'une fin toute en acidité ironique non dénuée de sagesse dans la finalité de tout les personnages, l'auteur boucle son histoire avec brio. Un portrait d'une société miniature, percutant et réussi. À découvrir.

nolhane
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La BD asiatique ne se limite pas au manga et heureusement!

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le 13 sept. 2020

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