Dans un écrin d'une couleur bleue pâle se terrent dix nouvelles de l'auteur Junji Itô, dont on ne présente plus l'apport phénoménal dans la sphère manga, et qui n'attendent que d'être découvertes.


À l'occasion de cette réédition des plus grands écrits de celui que l'on considère comme le Lovecraft du manga, on y découvre un apport généreux en préface par le Youtubeur ALT236 ainsi que des notes de l'auteur à la fin de chaque nouvelles pour éclaircir un brin leur contexte de création.


Le plaisir presque macabre que l'on ressent à entamer chacune de ces histoires, ce frisson étrange qui nous parcoure l'échine tout au long des pages qui défilent, le cœur serré de voir le sordide sort des protagonistes condamnés à errer dans des environnements cauchemardesques... Tout cela et bien plus encore contribue à statufier le génie de Itô ainsi que sa maîtrise de l'ambiance et des situations souvent grotesques dans lesquels il désire nous emmener.

D'un vieux vinyle faisant chanter les morts jusqu'à une mannequin au regard carnassier, Itô travesti notre quotidien en une horreur épouvantable, allant jusqu'à nous proposer de contempler la vie d'un jeune homme dont les rêves durent chaque fois plus longtemps... La descente glaciale jusque dans les flux de l'inconscient humain, voilà qui a de quoi faire frémir.


C'est une pléthore d'univers effroyables que veut nous montrer Junji par son coup de crayon si unique, arrivant à imager de fiévreuses hallucinations que l'on aurait préféré garder sous scellé, et dévoilant au passage les horreurs d'un simple quotidien.

Il faudrait alors se pencher penchant de longs paragraphes sur la pertinence de chacune des courtes histoires que proposent ce recueil, mais cela dépasserait le stade d'une simple review pour devenir une analyse bien trop méticuleuse et sûrement soporifique. Il faudrait pourtant un jour s'atteler à expliquer la beauté poétique qui émane de Un Rêve Sans Fin et de ces rêves qui semblent s'approcher d'une durée infinie. Il faudrait parler de la magnétique beauté fatale qu'est Tomié et de son attirance malsaine et lugubre sur les artistes qui tentent d'en peindre le portrait, il faudrait s'attarder à surveiller derrière soi qu'un ballon à notre effigie ne nous court pas après....


Bref, il faudrait parler durant des heures de Junji Itô et de son génie, écrire des marées de lignes sur la qualité de ses histoires... Mais restons simple et attestons simplement d'un fait évident qui est que ce recueil est d'une qualité irréprochable, et qu'il saura satisfaire vos envies d'histoires macabres bien au delà de vos espérances.

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le 20 juin 2023

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