Dieux et hommes, même combat................ le pouvoir!

Longtemps réfractaire à l'oeuvre de Bilal (scenarii complexes, dessins qui ne m'attiraient pas forcément, l' habitude de la franco-belge clasique), il a fallut que je vois le film "Immortel (ad vitam) du même Bilal pour que je daigne enfin m'intéresser à la trilogie Nikopol. Force est de constater que j'étais à deux doigts de passer à côté d'un chef d'oeuvre du 9ème art. Le film, pas si mal que ça, aura au moins eu ce mérite.

L'histoire est un formidable fourre tout de référence avec tout d'abord les divinités égyptiennes comme Bastet le déesse chatte, Anubis le dieu des funérailles, Seth souvent associé au mal et Bès considéré comme le bouffon des dieux. Ils se retrouvent dans une pyramide stationnée au dessus de Paris en 2023. Un seul manque à l'appel, Horus, dieu du ciel, qui décide de faire dissidence.
Paris, cité apocalyptique qui pue la misère et la déchéance, rassemble les humains et divers extraterrestres, et se retrouve sous le terrible régime dictatorial de Jean - Ferdinand Choublanc (qu'on assimilera facilement à la dictature de Tito ,subie par la famille de Bilal).
Au milieu de ces luttes de pouvoir (et du contrôle du carburant, idée prémonitoire de ce qui nous attend dans le futur.....?), l'anti-héros par excellence, celui qui n'a rien demandé à personne et qui revient de 20 ans d'hibernation dans l'espace: Alcide Nikopol. Un héros comme le John Difool de "L Incal" qui se retrouve là par pur hasard et subit les actes. Le duo Nikopol - Horus (qui peut contrôler et physiquement et mentalement Nikopol) est fort intéressant.

A cette histoire, s'ajoute le dessin superbe de Bilal que j'apprécie maintenant à sa juste valeur (question de maturité, peut-être...) avec tantôt des cases à la froideur métallique (principalement dans le quartier des rebuts de la société), tantôt des cases hyper colorées (le maquillage grand guignolesque des hommes de pouvoirs ou les couleurs de criardes de la garde). D'ailleurs ne vous attendez pas au gaufrier classique dans la mise en page: on se retrouve avec un moyenne de 5-6 case par planche faisant profiter le lecteur de toute l'étendue de l'art de Bilal. Magnifique. Même les bâtiments avec leurs formes courbes ont l'air de monstres en sommeil n'attendant que de prendre vie (voire l'Elysée).

Dernière petite chose, pas de faux semblant avec Bilal, les hommes et les dieux savent exactement ce qu'ils sont et ce qu'ils font ne cachant pas leur soif de pouvoir derrière le bien du peuple. Ainsi du vice gouverneur affirmant à Nikopol que "le régime choublanquiste est l'un des plus dur de la vieille Europe, peut-être même de tout le monde préservé" ou encore Bastet qui craint de renier sa condition en se "rabaissant à un comportement humain". Les dieux méprisant les hommes alors que la soif de pouvoir est la même chez certains.

Seul petit bémol, il en fallait bien un, le fin me semble un peu expédiée pour ne pas dire baclée. Le dénouement est trop simple et rapide, on tombe un peu dans la facilité par rapport à la complexité du reste de l'histoire. Dommage....
Kowalski
9
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le 5 oct. 2012

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Kowalski

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