Ce qui épate le plus dans cet réappropriation du personnage mythique de Lucky Luke, ce n'est pas les habiles transformations de styles (visages, silhouettes) ni la fidélité exemplaire à l'œuvre originale (aplats de couleurs, bataille de saloon). Ce n'est même pas l'intrigue plus ambigüe et légèrement plus adulte qu'à l'accoutumée. Non, c'est la mise en abîme de Lucky Luke. Annoncé comme mort dès la première planche, tout l'enjeu de l'auteur est de le ressusciter, de le faire revenir à la vie, en étant à la fois lui-même et un autre. La mort de Lucky Luke signe son retour. Tome initial de ce que l'on espère une nouvelle série, cette bande-dessinée est forcément un peu courte dans son histoire principale, tout n'étant que jeux de symboles ("Doc", la cigarette, la main qui tremble, la question sur son âge, l'assassin de Lucky Luke, l'auteur même de la BD etc.). Mais on salue ici les bonnes bases prises par la BD, suffisamment solides pour faire émerger un Lucky Luke prêt à vivre de nouvelles aventures, la main sur le colt.