Éric Henninon a eu le projet fou d’adapter « La horde du contrevent » d’Alain Damasio en bande-dessinée. Et pourtant, à la lecture du premier tome, cela semblait une évidence. En acceptant de réduire le nombre de personnages, l’auteur était parvenu à donner à son ouvrage l’essence du roman. C’est avec impatience que ce deuxième tome était attendu, appelé « L’escadre frêle » et toujours paru chez Delcourt pour 72 pages.


Nous avions laissé la Horde alors qu’elle avait perdu son prince. Alors qu’elle avance encore et toujours contre le vent, à pied, voilà qu’elle rencontre un vaisseau fréole. Ce peuple se déplace avec des navires mus par de gigantesques hélices. C’est l’occasion pour la Horde de se reposer et de prendre des nouvelles de celle qui les précède. Mais cette pause pourrait s’avérer plus dangereuse que prévue…


Si le premier tome présentait la Horde, celui-ci s’intéresse aux intrigues politiques. Ainsi, les différentes factions ne voient pas toutes du même œil le fait que l’on tente d’accéder à l’extrême-amont à pied. La marche semble désuète par rapport à la technologie. Le lecteur se pose d’ailleurs les mêmes questions. Pourquoi marcher alors que des véhicules existent ? Pourquoi commencer en extrême-aval et non pas de faire amener jusqu’au point le plus en amont possible ? Ce livre vient répondre aux questions et chacun s’en fera sa propre opinion.


Au-delà du débat technologique, l’idée de la transmission est très présente. Certains hordiers ont leur parent plus loin en amont. Certains reçoivent des cadeaux et des nouvelles de leurs prédécesseurs. Les enjeux de la Horde s’affinent : le but est d’arriver à la limite le plus jeune possible. Bien évidemment, l’obsession des uns entrent en conflit avec la prudence des autres. La horde devant rester unie, les oppositions sont au cœur du récit.


Cet opus est une nouvelle fois remarquable en tous points. Il est bon de remarquer combien ce livre de 72 pages est dense en événement comparé à certains romans graphiques de 150 pages qui ont bien moins à dire. Il s’inscrit dans une tradition plus ancienne, avec des planches parfois très fournies en cases. Cela ne l’empêche pas d’avoir un dessin fin et riche. Bien que classique, il donne vie à l’univers de Damasio, tant dans les costumes des personnages, des véhicules, des bâtiments ou, bien sûr, du monde ravagé par le vent.


« L’escadre frêle » confirme l’excellence du travail d’Éric Henninon sur cette adaptation. « La Horde du Contrevent » est une bande-dessinée dense, riche, agréable à lire, doté de graphisme magnifiques dont les relectures apportent toujours un plus. Chapeau !

belzaran
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le 5 sept. 2021

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