Le Chemisier
5.5
Le Chemisier

BD franco-belge de Bastien Vivès (2018)

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman graphique massif (200 pages) est une nouvelle façon pour l’auteur d’explorer le corps de la femme et ses propres fantasmes. Le tout paraît chez Casterman.


Séverine, une étudiante sans relief, se fait vomir dessus par la gamine qu’elle garde en babysitting. Suite à cela, elle emprunte un chemisier en soie. Sa vie va en être changé…


Que de vacuité dans cet ouvrage ! On pourrait le comparer à un scénario de film érotique mais ce sera faire offense aux films érotiques. Il n’y a absolument aucune construction de personnage. La jeune fille, sans histoire, nous laisse complètement froid. Ses « péripéties » tout autant. Le fait que son chemisier la rende d’un seul coup attractive aux hommes va la lancer dans une quête sexuelle de plus en plus dangereuse. Mais quel est le sens de tout cela ?


Bastien Vivès est malin. Il est facile pour ses aficionados de trouver plein d’axes de réflexion sur l’ouvrage. L’habit fait-il le moine ? Le chemisier, n’est-ce pas le passage à l’âge adulte pour la jeune femme ? Quid des conventions sociales ? Si j’ai souvent trouvé que Bastien Vivès utilisait ses BDs pour vivre ses fantasmes, il avait au moins la décence de créer des histoires avec des personnages. Dans « Une sœur », avec tout ce que l’on peut critiquer sur l’ouvrage, il y a quand bien même un travail sur les personnages et leurs relations. Dans « Le chemisier », c’est juste ridicule. On essaiera d’oublier la scène où une petite fille exhibe son sexe à Séverine, scène complètement gratuite et qui n’arrangera rien aux critiques faites à l’auteur.


Au niveau du dessin, c’est sans surprise. Quelques traits noirs construisent les corps et les visages, souvent sans yeux, sans nez, voir sans bouche. Quelques rehauts de gris. Vivès commence à s’autociter et si certains dessins restent beaux, son talent étant indéniable, les cases marquantes manquent. On sent que l’auteur atteint comme une limite de son concept. Ou alors il fait trop de livres, c’est une autre possibilité.


« Le chemisier » est un ouvrage vide. Porté uniquement par la signature de son auteur et son trait reconnaissable. Vivès continue petit à petit à gâcher son talent et c’est bien dommage.

belzaran
4
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le 22 févr. 2019

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belzaran

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