La cohérence avec le premier volume saute aux yeux, notamment parce que l’Escadre frêle, comme Le cosmos est mon campement, s’ouvre sur un flash-back. Quelques dizaines de planches plus tard, on comprend que les flash-backs s’annoncent comme des procédés récurrents de l’adaptation d’Éric Henninot. Peut-être aussi un moyen de donner de l’épaisseur aux personnages…
Ce deuxième tome s’organise autour de la rencontre avec les Fréoles. Les lecteurs du roman le savent, elle constitue le premier nœud du récit, sans qu’on puisse dire au bout du compte s’il a été serré à fond ; cette ouverture me semble judicieusement respectée. On n’en dira pas autant de la lisibilité de la scène de la fête et surtout du combat qui la suit : les personnages qui assistent au duel n’y comprennent rien, ils ne sont pas les seuls. (Il y a ponctuellement d’autres soucis de lisibilité dans les deux premiers volumes.)
Par ailleurs, qui dit Fréoles dit navire volant. Or, autant l’architecture du monde de la Horde est représentée sous des traits beaucoup plus futuristes que ce que j’imaginais – ce que je voyais ressemblait plus à Game of Thrones qu’à Dune… –, autant les machines qui apparaissent dans l’Escadre frêle correspondent à ce que j’avais en tête. Et pour le coup, cette sorte de mélange entre un bateau pirate et une cornemuse détone un peu dans cet univers à la Dune.
Mais là où l’album montre la corde, c’est dans les dialogues. D’une part, en dehors d’un ou deux jurons de Golgoth et de quelques répliques de Caracole, les personnages parlent tous de la même façon ; et ça n’allège pas l’ensemble, loin de là. Car d’autre part, l’album est terriblement bavard.
Je sais bien qu’il y a beaucoup d’informations à donner au lecteur, mais certaines (le fameux « code de la Horde ») sont redondantes, et il me semble qu’on pouvait proposer quelque chose d’ouvert là aussi, en jouant sur l’implicite ou en exploitant davantage encore mimiques et visages. Et quand, en plus, le propos tourne en banalités sur l’unité nécessaire ou sur la gestation, ça devient clairement regrettable.

Alcofribas
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le 13 sept. 2020

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