Après avoir conclu le Premier Arc qui adoptait un ton plus léger, le Pamplemousse entame le Second, se voulant plus adulte. Mais ce onzième tome nommé Versus Inferno n'est pas que ça: il débute également la deuxième partie du Cycle d'Anathos, pour notre plus grand plaisir.


Deux années se sont écoulées depuis qu'Anathos a commencé à régner en maître sur Alysia. Deux années durant laquelle les Légendaires se sont séparés et se sont entraînés chacun de leur côté, afin d'acquérir une puissance nécessaire à l'arrestation du Dieu démoniaque. Une fois réunis, ils tentent de pénétrer dans la forteresse ambulante d'Anathos, le Castlewar afin de l'attaquer... mais ils se retrouvent séparés et doivent faire face à leurs doubles maléfiques, crées par Anathos: les Infernaux.


Ce n'est pas forcément un tome aussi riche en émotion que La Marque du Destin. La perpective de voir nos héros mourir fait que le sentiment le plus présent est la peur. L'espoir ou la peine peuvent se ressentir, mais de façon plus minime. Je décrirais Versus Inferno comme un tome à "sensations fortes". Tout le tome se concentre sur les différents affrontements qui opposent les Légendaires à leurs copies. C'est tout un spectacle dynamique où on craint pour leur vie.


Les combats étant les composants principaux de cette histoire, ils sont tous très travaillés et divertissants.


Le combat de Gryf s'annonce bien stressant, le Jaguarian ne parvenant jamais à répondre aux nombreux coups de Dark-Gryf, atteint d'un état permanent de Chakounia. Heureusement, c'est ce combat qui se conclut de la manière la plus classe (avec celui de Jadina, on va dire), Gryf se transformant en Deathgryf sous de beaux rayons dorés.


Le combat entre Shimy et Dark-Shimy se révèle très dangereux. L'adversaire de la Légendaire contrôlant la magie élémentaire avec une aisance affolante, chaque recoin du décor peut se révéler fatal à l'elfe originale. Contrairement à ses amis, lorsque le tome se termine, nous ne sommes pas en train de penser que Shimy est sur le point de reprendre le dessus, au contraire: l'épisode laisse penser qu'elle a perdu la vie! Même si on se doute que la faire mourir alors que d'après la prophétie elle a encore un rôle à jouer, est peu probable, il est inquiétant de terminer l'opus tout en étant incertain pour l'elfe aveugle.


Razzia se fait également dérouiller et valdinguer dans tous les sens par son clone, à cause de la force physique inhumaine de ce dernier. Là où Dark-Razzia se révèle humiliant, c'est par sa possession du Leviathan, arme ayant appartenu à son modèle durant tout l'Arc précédent, conférant à la copie maléfique un air de supériorité. Mais comme pour Gryf, on finit par reprendre espoir pour Razzia en le voyant révéler son nouvel atout: Amy, une démone Chiridirelle, en guise de bras vivant.


En ce qui concerne Jadina, elle n'a pas uniquement à se confronter à Dark-Jadina... mais à Anathos en personne. C'est la nouvelle meneuse des Légendaires qui subit les violences les plus crues, avec par exemple son bras se tordant dans tous les sens après que tous ses os soient détruits. Elle est seule face à deux adversaires, dont un qui lui a piqué une arme puissante, l'héritage de ses ancêtres... et celui qui lui a volé ce en quoi elle tenait le plus au monde. Et c'est une Jadina aux pouvoirs si puissants, que l'on en vient à se demander s'il s'agit vraiment d'elle, qui se révèle de manière spectaculaire.


Je note un détail que je trouve assez incohérent:


Je me demande vraiment comment les Légendaires ont fait pour ne pas être au courant des terribles agissements d'Anathos... alors que compter plus d'une centaine de milliers de victimes et avoir rasé les principales capitales de la planète, ce n'est pas rien! Je peux à la limite comprendre pour Gryf, car la cité de Jaguarys est totalement coupée du monde, mais dans le cas des autres, je trouve ça exagéré.


Après deux années très éprouvantes pour nos héros, ces derniers ont considérablement changé dans leur caractère. (Et aussi dans leur physique... Ils puent complètement la classe, maintenant.) Découvrir leurs nouveaux caractères et leurs nouveaux pouvoirs, dont pour la plupart on ignore encore la provenance à ce moment de l'histoire, on a l'impression de faire pour la deuxième fois la connaissance de ces personnages qu'on a suivi pendant dix tomes. (Tout cela ne prend pas en compte Ténébris.)


Jadina, devenue la nouvelle chef des Légendaires après la mort de Danaël, est celle dont la personnalité a le plus changé. (En comparant au tout premier tome, Gryf, Shimy et Razzia ont énormément changé... mais par rapport au dixième tome, la différence n'est pas aussi énorme. En ce qui concerne Ténébris, elle est restée la même.) Elle qui était si joyeuse et naïve, elle est désormais d'une extrême froideur, et n'est animée que par le désir de se venger, après avoir perdu celui qu'elle aimait alors qu'il venait à peine de la demander en mariage.


Elle est tellement différente que l'on pourrait presque se demander si c'est vraiment Jadina... et que même elle en vient à se poser la question, ce qui est fort perturbant pour le lecteur, qui ne sait plus que croire. Une interrogation qui refera surface plus tard se pose déjà: peux-t-on vraiment faire confiance à cette femme si l'on n'est pas assuré qu'il s'agit de Jadina, même si elle semble d'une grande aide pour nous débarrasser d'Anathos? Et c'est également inquiétant de voir que Jadina (en supposant que c'est bien elle) a perdu toute identité. Elle se fiche de savoir qui elle est ou ce qu'elle est, tout ce qui lui importe c'est de détruire Anathos. Elle n'est plus que haine et vengeance.


Et comme si elle ne paraissait pas déjà assez effrayante, voilà qu'elle dévoile des pouvoirs de jade et des capacités physiques auxquels aucun humain normalement constitué ne devrait pouvoir accéder. Tant de mystères entourent à présent cette princesse que l'on avait pourtant connu par coeur jusque là...


Gryf aussi n'est plus le même. Même si son caractère était devenu plus sombre avec le temps, il parvenait toujours à reprendre le dessus et se montrer joyeux. Maintenant, après avoir perdu son meilleur ami, il est devenu plus froid et ne sourit presque plus, même en revoyant Shimy avec qui il est censé avoir entamé une relation deux ans plus tôt. Il agit toujours avant de réfléchir et n'est toujours pas plus malin qu'avant, mais semble avoir perdu son aspect aimable. Le nouveau pouvoir qu'on lui découvre est un Katseye, qui une fois activé, ne lui permet non pas de résister à la Chakounia mais lui donne une profonde crise de Chakounia, lui conférant la puissance de dix Jaguarians.


Ce onzième tome ne donne pas vraiment l'impression de se centrer sur un Légendaire en particulier, chacun ayant son heure de gloire afin que l'on puisse à nouveau les rencontrer. Mais Razzia gagne de l'attention, puisque l'on découvre à nouveau des pans de son passé, qui le rendent plus classe et intéressant. Le colosse de Rymar n'est pas si différent de celui que nous avons laissé dans le tome précédent: celui qui était plus réfléchi et plus sombre. Mais il a à présent totalement adopté ce nouveau caractère et l'on craint de ne presque plus jamais le voir plaisanter comme autrefois. Après qu'Anathos lui ai tranché son bras lors de leur première rencontre, Razzia s'est procuré une démone Chiridirelle possédant de grands pouvoirs, en guise de membre. Je considère cette démone, prénommée Amy, comme une Légendaire à part entière. Elle est très cynique et moqueuse, mais se révèle une très bonne alliée pour le guerrier grassouillet.


Après Jadina, Shimy est sans doute celle dont la personnalité a subi la plus grande métamorphose. Alors qu'elle était la plus froide de la bande dans le Premier Arc, maintenant c'est certainement celle qui laisse le plus parler ses sentiments. Elle parait constamment au bord des larmes, l'idée que tous ces malheurs soient arrivés par sa faute l'a brisée. Elle semble plus fragile, ce qui est intéressant. Mais alors que c'était un véritable garçon manqué avant, elle ressemble désormais plus à une petite nunuche romantique. Je n'aime pas beaucoup ce genre de personnages, je dois dire. Mais curieusement, j'affectionne beaucoup la nouvelle Shimy. Sans doute parce que malgré ce nouvel aspect de femme fragile, ce n'est pas une demoiselle en détresse. Elle a conservé son agressivité au combat (ou par rapport à Gryf) et est loin d'être stupide. Mais la pauvre est hélas victime dès maintenant d'un insupportable running gag: depuis Versus Inferno il n'y a plus un seul tome où on nous épargne la vue de sa petite culotte. Ca peut peut-être faire rire une fois, mais au final c'est juste lourd et rabaissant pour le personnage. Après qu'Anathos lui ait fait perdre la vue, Shimy voit désormais mieux que n'importe qui en utilisant des broches elfiques lui permettant de percevoir les auras de tout être vivant.


En ce qui me concerne, je trouve que Jadina, Gryf, Razzia et Shimy ont tous connu une amélioration dans leur personnalité. Je les aime encore plus tels qu'ils sont maintenant.


Mais il n'y a pas qu'eux dans l'équipe. Ténébris les a désormais rejoint. Mais on ne peut pas dire grand-chose à son sujet, l'amante de Razzia faisant peu d'apparition dans l'opus et ne combattant pas une seule fois. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'au vu de la dure mission qui lui a été confiée, elle semble être une Légendaire digne de ce nom.


D'autres personnages comme les Fabuleux, Ikaël, Shamira ou Halan refont leur apparition afin d'apporter de l'aide à nos héros. Ces derniers ont cessé d'être seuls et comportés comme des parias, tout le monde combat à leurs côtés. C'est grâce à cela que l'espoir peut renaître chez le lecteur.


Nous faisons également la connaissance des Infernaux: Dark-Gryf, Dark-Shimy, Dark-Razzia et Dark-Jadina, copies maléfiques des Légendaires reproduites à l'aide du sang de ces derniers. Ils ne sont pas forcément très profonds, ce sont juste des vilains sadiques, prenant plaisir à montrer leur supériorité face à leurs originaux. Mais ils donnent effectivement beaucoup de fil à retordre aux Légendaires et nous proposant de chouettes combats. Dark-Jadina est la plus intéressante. Bien qu'étant animée d'un esprit diabolique, elle semble avoir repris l'ancien caractère naïf de Jadina. Elle vit une liaison avec Anathos (Logique. Elle est comme Jadina et lui comme Danaël.) et croit vraiment à l'amour du Dieu à son égard et ne se doute jamais qu'il ne fait que l'utiliser.


Et bien entendu, qui dit Cycle d'Anathos dit Anathos! Il n'est pas aussi intéressant que dans la première partie, puisque nous savons à présent tout ce qu'il a à savoir sur son compte mais le Dieu du Mal démontre clairement à quel point il est la pourriture dans toute sa splendeur. Il sème le malheur partout autour de lui et en est satisfait. On sait ce dont il est capable, et on sait que rien ne saurait l'arrêter, puisque toute pitié est absente de son coeur. Et c'est en cela que l'on a peur de lui.


Ce onzième tome possède sans conteste de nombreux atouts. On notera également une plus grande maturité dans les dessins, même si les personnages sont parfois dessinés davantage à la va-vite lorsque les plans ne sont pas trop proches.


On notera également de bonnes répliques mémorables:



Je ne suis plus Jadina! Je ne suis que fureur! Je ne suis que vengeance!



Au final, un tome tout bonnement excellent, qui nous introduit merveilleusement à ce qui sera le plus grand combat mené par les Légendaires jusqu'alors.

ErizuTeriyaki
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le 13 juil. 2016

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ErizuTeriyaki

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