Whirlpool
7.4
Whirlpool

Album de Chapterhouse (1991)

Je vois la vie en bleu avec Whirlpool

Le shoegaze, un genre ignoré si ce n’est méprisé à l’époque, fut riche en pépites de tout genre. Ce premier album de Chapterhouse est plus que cela, c’est une référence au même titre que les meilleurs disques de Ride, Slowdive et des mentors du mouvement : My Bloody Valentine.


Je vais devoir élargir mon champ lexical pour pouvoir en parler mais à quoi bon ? Tout ceux qui ont déjà écouté du shoegaze savent à quoi je vais faire référence : une musique placentaire, qui nous donne l’impression de baigner dans le bien être le plus total. Un univers ouateux, irréel, rattaché au psychédélisme et donc à la drogue. A croire que tout le rock anglais était défoncé au début des années 1990. Mais alors que le courant Madchester s’enfonçait dans un hédonisme et un je-m’en-foutisme qui aura raison de lui, le shoegaze se montre plus poétique. Renfermé sur lui-même, refusant la superficialité de notre société tout en mettant en avant la modestie et la sincérité.


Je parle du mouvement Madchester pas seulement pour meubler ma chronique, mais bien parce qu’on a souvent rapproché les jeunes gens de Chapterhouse à ce rock rigolard et dansant. C’est à la fois faux et vrai, enfin c’est à peu près faux ici. Whirlpool est la première sortie du groupe à présenter des caractéristiques de ce truc très vague qu’on appelle l’alternative dance. Cette musique un peu dansante, un peu rock, indie principalement et qu’on trouvait déjà dans les années 1980 avec New Order. Si on excepte le single « Pearl » et surtout le funky « Falling Down », les anglais nous produise un shoegaze terriblement planant et cotonneux malgré ses dissonances. « Pearl » tiens, venons en, est une petite merveille à la fois dansante et gracieuse, avec les chœurs éthérés de Rachel Goswell (Slowdive) en prime. Quand à « Falling Down », vous prenez un riff addictif et groovy puis vous le répéter pour entrainer vos auditeurs dans une transe instoppable jusqu’à cette accélération final mettant un terme à ce fabuleux titre. Le reste de l’album évite l’emprise du groove puisqu’il se propagera surtout sur leur second album, mais il n’y pas de baisse de qualité malgré la variété des morceaux.


Le tubesque « Breather », les déflagrations bruitistes de « Autosleeper », les notes féériques d’un xylophone sur « If You Want Me » et cette guitare bruitiste et pourtant tellement belle sur « Treasure ». Trop de moments magiques sur ce disque me font dire qu’il mérite autant d’expositions que les classiques du genre. Bon sang, vous avez écouter cette batterie et ce mur de guitares sur « Guilt » ? Et finir son disque sur « Something More » franchement ce n’est pas classieux ?


D’accord, j’arrête. Mais c’est le problème quand on chronique du shoegaze, c’est tellement difficile de résister à ces abimes de guitares et ces chants angéliques venus des cieux. On est tellement bien, comme dans un cocon... Mieux que ça, nous revenons aux origines de la vie.
Nous sommes dans le ventre de nos mères, inconscients de ce qui se passe autour de nous... Mais on s’en fiche, on est tellement bien comme ça.


Whirlpool pourrait évoquer tout simplement de l’électroménager à n’importe qui, c’est vrai qu’on serait facilement scandalisé qu’un tel amalgame soit fait entre ce bijou et un vulgaire lave vaisselle… Sauf que non. Ce disque évoque l’eau et la principale vertu qui y est attachée : il purifie.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
9
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Créée

le 21 juil. 2015

Critique lue 390 fois

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Seijitsu

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