Vanishing Point
7.2
Vanishing Point

Album de Primal Scream (1997)

Dans les années 1990, le futur était hybride. Hybride pour son mélange des genres, de sons mais aussi d’époques. Une démarche qu’une bande telle Primal Scream a su comprendre, s’approprier au point d’en faire sa musique et son fond de commerce.


Give Out But Don't Give Up avait déçu le public au point de ne faire que figure de recréation pour ses auteurs dans l’imaginaire collectif. Une incompréhension qui ne va pas durer avec ce 5ème travail studio renouant avec l’électronique et le psychédélisme.


Vanishing Point n’est pas un disque classique synonyme d'un retour en grâce des Écossais, car il a été enfanté avec une idée derrière la tête. Il n’est pas un simple hybride électro-rock, mais une bande originale officieuse d’un obscur road movie des années 1970 intitulé… Vanishing Point. Un monument de la culture hippie selon Bobby Gillespie. Rien d’anormal qu’il rende hommage à ce film disant plus sur lui que toutes ses paroles.


Pour bien pénétrer dans un univers fait de courses poursuites nocturnes, il vaut mieux soigner son introduction. « Burning Wheel » démarre donc lentement pour atteindre son climax lorsque les guitares et la basse s’entrecroisent. Des titres à ambiance, il y en a d’autres dont un aussi bon : « Trainspotting ». Un morceau fleuve qui n’évoque aucunement l’atmosphère du chef d’œuvre de Danny Boyle, mais plus les bas-fonds d’une quelconque ville des États Unis.


S’il y a bien quelques plages dont l’intérêt devient faible en dehors du contexte de l’album (les simplement jolies « Out of the Void » et « Long Life »), il y a également une pelletée de pièces maîtresses sur ce disque.
Le trip hop « Get Duffy » est immortel comme peuvent l’être les meilleurs thèmes musicaux du cinéma. « Kowalski » et « If They Move, Kill 'Em » sont des versions déviantes des musiques de la blaxploitation, où le psychédélisme aurait remplacé le funk engagé des noirs-Américains (cette obsédante wah-wah trafiquée à l’excès). La ballade « Star » nous rafraîchit la mémoire quant au talent d’interprète de Gillespie. « Medication » retourne vers les terres du blues rock tout en faisant (de nouveau) la nique aux Rolling Stones. Enfin, la formation se permet également de reprendre une composition du gang de Lemmy Kilmister, intitulée « Motörhead »… Heureusement qu’elle porte le nom du power-trio ! Puisque cette reprise ne ressemble pas du tout à l’originale. Adieu le hard-rock aux accents punk, bonjour le blues rock passé à travers le prisme d’une électro-psyché frappée du ciboulot. Une réussite majeure.
Autre OVNI, le dénommé « Stuka » où on peut entendre une voix à la Dark Vador sur un dub inquiétant. Une originalité qui se remarque même s’il ne s’agit pas d’un grand moment de la discographie de Primal Scream.


Souvent perçue pour être la véritable suite de Screamadelica, cette sortie n’a pourtant pas grand-chose de dance. L’arrivée de l’ancien bassiste des Stone Roses, Gary Mounfield (mieux connu sous le nom de Mani), n’engage pas non plus le groupe du côté des pistes de danse, en dépit de lignes de basse groovy à souhait dont lui seul a le secret (« Kowalski »). Les éléments techno (pour ne pas dire big beat) étant à isoler sur des titres bien précis. Il s’agit principalement d’une musique purement alternative, car sans limites et au regard tourné vers la mixité.


Chacun jugera librement de la pertinence de cette BO officieuse par rapport aux images du long métrage qu’elle est censée soutenir. Toutefois, il y a un objectif dont on peut être sûr qu’il est atteint, c’est la création d’une bande sonore pour nos péripéties noctambules. Ou comment s’imaginer en plein polar tout en conduisant sa voiture dans les rues d’une grande citée urbaine.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
Écrit par

Créée

le 31 oct. 2015

Critique lue 295 fois

4 j'aime

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