To Be Still
7.1
To Be Still

Album de Alela Diane (2009)

Le chant d’Alela Diane semble chargé de cent vies alors qu’il appartient à une femme encore jeune, qui dégage pureté et puissance, intensité émotionnelle contenue, petits décrochements à vous faire frisotter les poils. En bonus, elle possède un jeu de guitare en arpèges personnel, qui est profondément nourri des traditions américaines épurées. Avoir le goût de tout ce qui est ancien, grandir dans un village investi par une communauté hippie de Californie du Nord, doit aider. Apprendre à chanter avec sa génitrice et se faire accompagner à la guitare par son père aussi. Son premier album de folk sans âge, The Pirate’s Gospel (2007), a connu un succès inespéré en France tandis que le projet de reprises Headless Heroes à laquelle elle a prêté sa voix prouve qu’Alela Diane serait une grande chanteuse de pop mélancolique. Son second Lp s’en tient au crédo folk, et on n’en demandait pas tant elle est renversante. Toujours secondée par les chœurs de sa copine d’enfance Mariee Sioux, Alela Diane a néanmoins voulu élargir un rien l’espace sonore (lapsteel, violoncelle ou violon), tout en préservant les conditions essentielles à l’authenticité miraculeuse de sa musique. Si on l’a beaucoup comparée la troublée et fulgurante Karen Dalton, Alela Diane s’est volontairement et trop bien enracinée pour connaître le même funeste destin. À l’intérieur d’elle, couve la même passion élémentaire.(Magic)


Publié en France en 2007 par le label Fargo, "The Pirate's Gospel", premier album d'une parfaite inconnue nommée Alela Diane, fut un miracle à double titre. D'abord par la musique qu'il contenait, superbe, parfois même bouleversante dans sa simplicité et son dépouillement. Ensuite par son succès, inespéré pour un disque que la jeune femme avait surtout enregistré pour elle et ses proches : plus de 50 000 exemplaires écoulés, principalement dans l'Hexagone, et des concerts systématiquement complets malgré des salles de plus en plus vastes (toutes les places sont déjà vendues pour le Bataclan d'avril, à tel point qu'un Olympia a été rajouté en juin). Si la Californienne a sans douté savouré ce triomphe inattendu - qui ne lui a pas donné la grosse tête pour autant -, elle l'a aussi vécu à contretemps puisque, au moment où le public découvrait les chansons de "The Pirate's Gospel", celles-ci avaient déjà deux ou trois ans, et qu'Alela Diane pensait déjà très fort à la suite. Par la force des choses, "To Be Still" aura ainsi été enregistré entre les tournées de concerts et de promotion pour l'album précédent, qui l'ont bien occupée ces deux dernières années (en plus du recueil de reprises sorti récemment sous le nom de Headless Heroes). Commencé à Portland, le disque a été terminé à Nevada City, dans le studio de son père. Cette gestation par à-coups ne se ressent absolument pas à l'écoute des onze morceaux de ce disque très fluide et homogène. Ce qui paraît tout de suite évident, en revanche, c'est qu'Alela a évité de se répéter. Alors qu'elle avait enregistré "The Pirate's Gospel" quasiment seule, "To Be Still" apparaît comme un véritable disque de groupe, beaucoup plus arrangé, au son plus ample. Peut-être moins singulier que son prédécesseur au premier abord, mais au moins aussi remarquable, il rassure en tout cas sur les capacités de son auteur : Alela Diane Menig est l'une des voix les plus marquantes de ces dernières années, mais aussi une musicienne complète et accomplie. Ses accompagnateurs, dont certains ont déjà joué avec elle sur scène, ont été choisis pour la plupart dans son cercle familial et amical : son père, ses amies Mariee Sioux et Alina Hardin, le batteur Otto Hauser de Vetiver, son ex-prof de violon, et quelques vétérans de l'ère hippie comme Michael Hurley. Entièrement au service des chansons, ils tissent autour de la voix qui les porte un cocon douillet, tout en sonorités chaudes de pedal-steel, banjo, mandoline, violon et percussions. "To Be Still" est à la fois atemporel et fortement réminiscent des chefs-d'oeuvre du folk au féminin gravés à la charnière 60's-70's par Buffy Sainte-Marie, Bridget St. John ou Linda Perhacs. Des morceaux comme "Age Old Blue" (avec sa mélodie rappelant vaguement le "500 Miles" d'Hedy West - "Et j'entends siffler le train" en VF) ou "Tatted Lace" pourraient être des reprises tant ils sonnent comme des classiques, tant ils imposent d'emblée leur sereine évidence. Mais comment traduire l'effet que ces chansons produisent sur l'auditeur ? Autant essayer de rendre l'émotion qui nous saisit devant une toile de Rothko en disant qu'elle mesure 206,7 sur 168,6 cm et qu'elle est composée d'à-plats jaune, vert, noir, mauve et rouge... Mieux vaut donc en rester là. (Popnews)
2008 a à peine fermé ses portes que la timide ouverture de celles de 2009 laisse percevoir quelques belles lumières dans son chemin annoncé orageux. Nous n’allons pas nous en plaindre. Alela Diane est très attendue en ce début d’année, comme l’espoir de voir ces lumières se rapprocher plus tôt que prévu, parce qu’elle nous a laissé un beau souvenir avec "The Pirate’s Gospel", un premier album de folk-blues-country tout a fait réussi. Fin 2008 elle faisait encore parler d’elle avec la sortie de "The Silence Of Love" sous la formation Headless Heroes. Quand elle n’était pas en studio pour ce side project elle tournait dans le monde entier et c’est dans les périodes de creux qu’elle a trouvé le temps de donner vie à "To Be Still". C’est d’ailleurs pour cela que cet album est disparate, aux multiples ambiances, comme si l’expérience de la scène lui enseignait comment fabriquer la suite malgré les coupures. Mais la songwriter à la voix claire et chaleureuse est ressortie forte de tous ces concerts, surtout en France, un pays où elle reconnaît, un brin intriguée, qu’elle a une notoriété plus forte qu’aux Etats-Unis."To Be Still" est un album qui surprendra les amateurs du style épuré et simple de "The Pirate’s Gospel" puisque ce deuxième opus bénéficie d’une instrumentalisation plus fournie. C’est ainsi que l’on retrouve l’habituelle guitare, souvent accompagnée du banjo, mais aussi une batterie plus présente (le batteur de Vetiver), un violon, et quelques sonorités typiques de l’americana qui se respecte (Dry Grass & Shadows). Plus mûre dans ses propos et dans ses compositions, Alela fait une nouvelle preuve de son talent et de son ouverture d’esprit puisqu’elle accepte volontiers d’être accompagnée de ses proches et amis (Mariee Sioux, son père, Matt Bauer) mais aussi Michael Hurley sur Age Old Blue un morceau sombre et typiquement hippie. Cet album, incroyablement lumineux, est bien moins triste que son prédécesseur (la pochette en est la preuve) et laisse entrevoir une partie de la personnalité de son auteur que l’on n’avait pas soupçonnée. Car Alela aurait pu rester dans la même veine, mais a opté pour une musique plus rythmée, plus joyeuse, enjolivée par un travail acharné sur les arrangements. Bien moins lo-fi, "To Be Still" rayonne dans nos platines avec des titres  merveilleux comme l’éponyme To Be Still, White As Diamonds, The Alder Trees, My Brambles, Every Path, Lady Divine (l’un des plus poignants), The Ocean. Alela ne renie pas pour autant ce qui fait son essence (Tatted Lace), ce qu’elle a retiré de ses écoutes quand elle était enfant. Elle n’a rien changé à sa manière de voir la musique mais elle lui a donné de la profondeur, de l’ampleur mélodique. Les fans pourront comparer Tatted Lace, Dry Grass & Shadows, Lady Divine, My Brambles avec leurs précédentes versions déjà présentes sur le EP "Songs Whistled Through White Teeth" enregistré en 2006 avec Mariee Sioux. Et c'est peut être le seul défaut du disque : ne pas proposer suffisamment d'inédits de la belle ; il n'en reste pas moins que ce disque est un chef-d’œuvre de douceur à ne pas manquer. (indiepoprock)
bisca
7
Écrit par

Créée

le 22 mars 2022

Critique lue 3 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur To Be Still

To Be Still
Sergent_Pepper
8

Critique de To Be Still par Sergent_Pepper

J'ai eu la chance de commencer à découvrir Alela Diane par cet album, avant d'aller vers les autres. Sa place dans sa discographie a donc moins d'importance que celle dans mon histoire d'auditeur...

le 5 nov. 2013

2 j'aime

3

To Be Still
Matthieu_Marsan-Bach
9

Dans un Ecrin de Lumière, le Bijou Brille

Une guitare électro-acoustique se déploie et les arrangements sautent aux oreilles après le dénuement à l’essentiel de The Pirate’s Gospel. La voix d’Alela Diane aussi prend de l’ampleur, moins...

le 4 mars 2015

1 j'aime

To Be Still
EricDebarnot
7

Une sorte de lumière

En 2009 peut-être plus encore qu'en 1969, on a besoin de croire que la pureté a survécu, qu'il y a encore des jeunes filles tendres (mais pas naïves, ça non !) qui savent rêver, au bord de rivières...

le 26 févr. 2015

1 j'aime

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

This Fool Can Die Now
bisca
7

Critique de This Fool Can Die Now par bisca

Depuis 2001, date de la sortie de son premier album Sweet Heart Fever, cette Anglaise originaire de Birmingham, a développé en trois albums et quelques maxis un univers étrange et singulier. Souvent...

le 11 avr. 2022

2 j'aime

1