The Above
6.2
The Above

Album de Code Orange (2023)

Ce billet-là n'est pas le plus facile à écrire. Code Orange polarise tellement les débats, depuis déjà la sortie de Forever, et c'est aujourd'hui plus vrai que jamais. Les Américains avaient annoncé un virage dès « Bleeding in the Blur », puis plus franchement avec leurs singles pour la WWE, l'EP The Hurt Will Go On et inévitablement, la sortie d'Underneath. Ce n'est donc pas une surprise de constater que The Above est un album de metal alternatif qui laisse le metalcore au second plan.


Ce choix en tant que tel peut se tenir, je ne vais pas jouer au gatekeeper et fustiger le groupe sous prétexte qu'il abandonne l'héritage Code Orange Kids. Mais choisir le metal alternatif est une chose, en faire un album cohérent et efficace en est une autre. Car l'observation évidente est l'hétérogénéité du disque : il oscille en permanence entre metal alternatif, metalcore nerveux, ombres industrielles, butt rock 90s, nu metal tape-à-l'oeil et des relents grunge. Un espèce de pot-pourri fin 90s qui finit immanquablement par donner la nausée, d'autant plus que The Above dure près de 52 minutes.


Le pire c'est qu'il y a des tubes dans chaque style : « Mirror » dans un registre trip hop alternatif est excellent, le nu-metal « Take Shape » est indéniablement efficace et « Grooming My Replacement » retrouve la pugnacité metalcore qui a caractérisé le groupe. Premier problème, je n'arrive à retenir que les singles. Deuxième problème, je reste perplexe devant la construction des morceaux, comme sur « Take Shape » avec sa puissante première partie, puis une perte d'orientation avec le feat anecdotique de Billy Corgan (The Smashing Pumpkins). Code Orange a toujours privilégié une approche déstructurée mais là ça frôle l'inconsistance.


Au milieu de tout ça, il y a beaucoup de morceaux fades (« Theatre of Cruelty », « Splinter the Soul ») voire médiocres (« I Fly », « Circle Through »). Malgré ces errements, on ne peut pas nier que Code Orange est un groupe talentueux, car des bonnes idées sont disséminées un peu partout : les arrangements de « A Drone Opting Out of the Hive », la narration de « The Mask of Sanity Slips » ou le couplet entêtant de Reba sur « Snapshot ». D'ailleurs, la place de la chanteuse-guitariste derrière le micro n'a jamais été aussi grande et c'est probablement une des meilleures idées de l'album.


Il n'empêche, malgré tous les efforts, que The Above est une oeuvre dont l'écoute est déroutante, presque éprouvante. Code Orange est capable de grandeur, c'est une évidence, mais il leur manque encore la constance pour vraiment produire leur magnum opus. Mais d'ici là et quoiqu'on en dise, personne ne pourra leur retirer l'authenticité de leur démarche.


Raton
5
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le 29 déc. 2023

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Raton

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