Technique
7.1
Technique

Album de New Order (1989)

L’acid house, tout est parti de là.


L’impact que cette musique provoqua sur l’Angleterre fut sans précédent dans son histoire musicale. Elle fut le terreau fertile pour bien des formations électroniques qui débuteront leur vocation grâce à ça (le plus étonnant étant de constater que bien de ces grands noms comme LFO, Aphex Twin et Autechre s’intellectualiseront de plus en plus pour être à l’image de leur label : Warp). Pourtant, la popularisation de ce sous genre vient surtout des groupes de rock. Il est vrai qu’il y a eu 808 State et The KLF, mais ces types étaient pas loin d’être des punks (notamment The KLF en réalité) et ce fut surtout New Order qui fut l’ambassadeur de cette dance music auprès du public rock.


Technique est donc l’étape supplémentaire pour confirmer l’importance des Mancuniens sur le son électro rock qui allait se développer à l’avenir. Quoi de mieux pour enregistrer un tel disque que de se ressourcer dans un des temples de l’hédonisme house ? Allez hop ! Direction Ibiza pour le groupe qui ne s’est pas fait prier pour concocter son 5ème album là-bas. On imagine bien la bande se prélasser au soleil la journée puis fureter entre les boites de nuits et le studio pour s’acquitter de ce skeud.


Technique est similaire à Brotherhood sur un point : il est toujours schizophrénique mais plus éclaté. Les gars (et la fille) étant partagées entre une dance efficace avant tout et une new wave élégante portée par la basse magique de Peter Hook. On ressent bien que plusieurs fortes personnalités essayent de mettre chacune leur grain de sel. Car on assiste au mélange des différents visages de leur musique, cela renforce encore plus la confusion. Ce qui tombe bien, car l'album est à l’image de sa pochette : irréel, kitsch et coloré.


L’enchaînement entre « Fine Time » et « All the Way » est criant de vérité. Le premier étant un pur titre house délirant au groove imparable (on peut y entendre des bêlements de chèvre, des bruits de pistolet laser… Tout y passe) et le second une perle new wave délicate où ses inoubliables claviers se font une réponse évidente au « Just Like Heaven » des Cure.


A l’exception de « Vanishing Point », qui injecte un chouia de leur mélancolie malgré son beat dansant (une mélancolie qui va s’étendre sur cette conclusion « Dream Attack » qui sent la gueule de bois, donc signifiant que la fête est terminée), New Order jongle avec sa personnalité pop un poil désenchantée et sa tentation de faire danser les gens. Ce qui en fait évidemment leur disque le plus haï des fans de la première heure et le préféré des personnes qui n’aiment pas le post-punk. A vous de voir dans quelle catégorie vous vous situez.


En dehors de ces considérations subjectives, Technique ne fait pas seulement date dans leur discographie en raison de sa qualité et de sa personnalité, mais parce qu’il est l’un des premiers jalons de cette ère acid house rock qui connaitra son fameux pic en 1991 (grâce à Screamadelica qui atomisera le genre par la même occasion). Un grand témoignage de cette période de fêtes sans fin où l’ecstasy commençait à se répandre telle une trainée de poudre.


Il reste à savoir pourquoi cette sortie était aussi fun. Pour fêter la fin imminente du règne de Margaret Thatcher ? Pour que New Order puisse conclure la décennie de manière magistrale avant qu’une longue traversée du désert ne pointe le bout de son nez ? Et si ce n’était pas un peu des deux ?


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
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le 17 sept. 2015

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Seijitsu

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