Suede
7.3
Suede

Album de Suede (1993)

Première pièce essentielle de l’empire Suede

L’Angleterre s’est-elle remise de la séparation des Smiths ? Quand on constate le succès qu’a remporté Suede lors des défuntes 90s, on a la confirmation que ce n’était pas le cas. Un chanteur exubérant et un guitariste doué au style unique débarqués de nulle part… Il n’en faut pas plus pour faire de ce groupe, la nouvelle coqueluche d’un pays en manque d’idoles à admirer.


La britpop, c’est décidément une question de contexte. Il faut avoir vécu cette époque en direct pour en comprendre le succès ou alors s’être très bien documenté dessus. Non pas que ce style (ne parlons pas de genre s’il vous plait) ait vieilli, mais qu’une musique aussi ancrée dans le passé ait pu faire vibrer autant les foules, cela peut sembler aberrant pour n’importe quels mélomanes. Cependant, les Etats Unis avaient bien le grunge, qui remettait au goût du jour la lourdeur de Black Sabbath et le hard rock 70s mais joué par des punks, alors pourquoi pas l’Angleterre ? Pourquoi le berceau d’une quantité faramineuse de mythes du rock and roll, ne pourrait-il pas lui aussi puiser dans son passé pour créer quelque chose de nouveau ?


Si Oasis reste le groupe emblématique de la britpop avec Blur, Suede est pourtant un des premiers à sortir un album. Mieux encore, c’est un des quelques privilégiés à obtenir les faveurs du public et des critiques alors qu’ils n’avaient sorti aucun disque ! Une réaction banale aujourd’hui tant les critiques musicaux s’emballent sur n’importe quoi de peur de ne pas être dans le vent, mais à l’époque, cela l’était beaucoup moins.


On peut aussi expliquer cela par un fait : Suede aime la provocation et saura en jouer. Brett Anderson est un personnage excentrique clamant sur tous les toits sa bisexualité. La pochette de ce premier disque confirme cette volonté de défrayer la chronique. Fort heureusement, malgré cette image pouvant se montrer détestable (qui n’a pas eu envie de baffer Brett quand il fait son fameux déhanché en concert ?), leur musique est d’une qualité forçant le respect.


Brett Anderson a une voix originale et apte à toutes les prouesses vocales. Aussi bien capable de chanter de manière nasillarde à la David Bowie époque Ziggy Stardust, que de prendre une voix de tête sur les chansons les plus calmes. Ce qui impressionne également est sa complémentarité avec le guitariste Bernard Butler. Ce dernier est un instrumentiste non seulement compétent mais aussi inventif. Son jeu étant plus porté sur les textures de ses notes plutôt que sur l’impact de ses riffs. Certains de ses plans prennent régulièrement une couleur psychédélique troublante, mais parfaitement intégrée dans leur glam rock (« Moving »).


Faire un récapitulatif des chansons est un exercice ennuyeux, mais on ne peut passer sous silence l’incroyable efficacité des singles (« Animal Nitrate », « The Drowners » et « Metal Mickey ») et la beauté nocturne des ballades (« Breakdown », « She's Not Dead » et surtout « Pantomime Horse » avec son très réussi crescendo). Ces morceaux démontrent que Suede n’est pas seulement un faiseur de tubes efficaces, mais aussi des gens adeptes de sophistication. Ce qui se confirmera justement par la suite avec Dog Man Star.


Malgré un son un peu daté, Suede frappe très fort dès son premier album. Souvent considéré comme un de leurs chefs d’œuvre, leur glam rock mutera pourtant régulièrement au fil de leurs sorties. Que ce soit pour le bonheur et le malheur de leurs fans.


Un disque qui marque le début d’une grande aventure.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
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le 4 août 2015

Critique lue 508 fois

4 j'aime

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