La liste d'invités sur la compilation SLIME LANGUAGE 2 est limite indécente et prouve l'influence du père fondateur de YSL, Young Thug.
Travis Scott, Kid Cudi, Future, Skepta, Drake, Big Sean, Lil Uzi Vert et bien d'autres se retrouvent sur la tracklist aux cotés des petits protégés de Thugger tels que Gunna, Lil Keed, Lil Duke, T-Shyne, Strick, Yak Gotti, Karlae, Yung Kayo, les sœurs de Thug, Dora et Dolly White et encore d'autres...
Aux manettes des productions, là aussi la liste est folle : Southside, Wheezy, Turbo, CuBeatz, Dot Da Genius, Taurus et D-Roc parmi les plus connus, se sont occupés des fondations.


Alors, évidemment, avec tant d'artistes et producteurs différents, il aurait été difficile de rendre une copie parfaite mais force est de constater que nous avons là une confirmation que la Trap n'est pas morte malgré quelques mois compliqués où certains des jeunes nouveaux rappeurs influencés par le son d'ATL ont manqué, de façon honteuse, de créativité.
Donc n'allez pas chercher de cohérence ni de fil conducteur, SL2 est une brochettes de mets savoureux, parfois épicés, parfois sucrés, souvent alcoolisés, toujours enfumés.
On aurait tort de bouder notre plaisir, SL2 se prend pour ce qu'elle est.


Commençons par ce qui ne marche pas vraiment :
"Superstar" Ft Future. Rien ne va, la mélodie, les flows, les paroles. Même si parler du star système est intéressant, savoir écrire est un minimum. Delete!
Karlae et Coi Leray sont vraiment dispensable sur "I Like". Le romantisme ne prend pas ici, le son est assez plat et leur flow manque cruellement de caractère. Et la meuf de Thugger est tout aussi moyenne sur "Trance", un titre sauvé par Yung Bleu et cette belle prod de Dez Wright & Trappin N London.
Enfin, Wheezy est doué, on le sait mais ici, "Superstar" et "Came and Saw" sont 2 des ses pires prods. Il arrive avec ses grands sabots en posant sa patte sans finesse à coups de flûte ou de violon. Sensation d'avoir entendu 100 fois ces sonorités.


Sinon? Qu'est ce qui fonctionne sur SL2? :
Tout d'abord, on retrouve une joie, une énergie comparable à "So Much Fun". Ce côté ludique et assumé d'une Trap faite pour se casser la nuque ou les chevilles transpire dans chaque pore de la "tape". Les paroles sont loufoques et agréables, personne ne se prend jamais trop au sérieux. C'est pas très élevé d'esprit avec de fortes doses de ridicule, mais c'est adorablement idiot, et c'est une dose de légèreté bienvenue, un soulagement même. Et si ça fonctionne si bien, c'est parce que le travail et le talent sont au rendez-vous.
L'ouverture de près de 5 min "Slatty" est destructeur. Southside, Gunboi et PVLACE à la prod, défoncent tout sur leur passage. Le quatuor Thug, Gunna, Yak Gotti et Duke donnent le ton pour le reste de SL2 et ce fameux "Slatt Slatt Slatt Slatty..." du refrain est totalement obsédant.
Une autre grande réussite du projet est la façon dont les invités se sont fondus dans le délire.
À part Future, tous sont excellents! Le passage de Travis Scott sur "Diamonds Dancing" est un de ses meilleurs depuis longtemps "Cactus Slatt forever". D'ailleurs le titre est un de mes préférés, le final où Thug et Gunna chantent ensemble "I've been in the trenches, this trap, to be specific... I'm so slimy, I'm so shady, I admit it, yeah" est un vrai beau moment.
Drake sur "Solid" est un grand moment. Et pas seulement de par son talent mais parce que Gunna et Thug s'élèvent suffisamment pour donner à ce titre une aura particulière. Et Wheezy (aidé de OZ) est, cette fois ci, le grand Beatmaker qu'on aime car il trouve une belle profondeur à sa production.
"Uzi, I am proud of you", I said, "Slime, I'm proud of you", le refrain chantonnant d'Uzi reste dans la tête longtemps après l'écoute, c'est souvent bon signe.
Le trio Keed, Big Sean et T-Shyne est une superbe alchimie sur "Warrior"
"That Go!", déjà sorti précédemment, voit Meek Mill et un T-Shyne épatant, prendrent un pied monstre sur une prod monumentale de Nick Papz & Yung Talent
Le reste du projet alterne le bon (Paid the Fine, Real, Wokstar, Moon Man) et le très bon (Ski, Came Out, Take It to Trial).


Au final, SLIME LANGUAGE 2 prouve que Young Thug, en plus d'être Rappeur, PopStar, RockStar, iconoclaste, est un merveilleux chef d'orchestre. Avec ses enfants d'YSL et les invités, il fait encore avancer l'histoire.
Tous ces artistes sont la pyramide humaine sur laquelle Thugger chante et étend son plumage en annonçant, une fois de plus, qui règne sur le perchoir.
Le GOAT demeure.


7,5/10

BRKR-Sound
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le 17 avr. 2021

Critique lue 236 fois

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