La journée promettait d’être belle.

La Clio bourdonnait dans la nuit noire. Seuls les phares blancs dispersaient une lumière blanche sur le goudron froid et humide. A l'intérieur Isa et Jimmy, joli jeune couple parti vers un plan "fume"
— "Merde Jimmy, on est complètement paumé, là!"
Jimmy rallume ce qui est, justement, son dernier spliff, aspire une méchante taffe et recrache la fumée odorante sur le côté.
— "Ouais j'sais pas, attends !
— T’es sûr de ton plan au moins ?!
— J’en sais rien ! Bah attends le mec, paraît qu'il a une putain de weed!
— Tu fais connaissance sur Twitter toi! t'as confiance, c'est ouf! On parle de Weed quand même!
— Oh, putain, Isa, mais c’est pas vrai ! Il faudrait m'faire un peu confiance, hein ! J’t’ai déjà expliqué que c'est un pote à Greg. Puis c'est un abonné aux comptes d' Alchimist, Shimmya et Gather, donc no souci, t'inquiète, c'est une personne de goût et de confiance."
Isa se tourna légèrement vers Jimmy avec un petit sourire malicieux.
— Au fait, SAVAGE MODE 2 vient de sortir, on va se l'écouter tiens! Et puis le temps et le lieu son propices à de la bonne Trap menaçante tu crois pas?
— Carrément!"
Isa sortit son portable de son sac à main, se connecta sur l'autoradio et balança la nouvelle collaboration artistique entre 21 SAVAGE et METRO BOOMIN.
Elle a intérêt à bien défoncer la weed de ton pote inconnu là. En plus j’ai une de ses envies de pisser. Tiens arrête-toi là sinon je vais m'faire dessus!
Jimmy se gara sur le bas-côté de la route qui longeait un bois et coupa le moteur. Le noir s’étendait à perte de vue dans le silence de la nuit.
"Whether from a savage land or a booming metropolis
Whether they are two or two billion, the greatest their numbers could ever become, is to truly become one, I now present to you Savage Mode II" La voix de Morgan Freeman résonne dans la clio.
Puis Jimmy monte le son, ouvre les portières, le rire de 21 perce le léger vent frais, une boucle Dianna Ross et Boum, Metro envoie du lourd. "I'm Slaughter Gang, Pussy, you know i brought my knife." 21 serait il en train d'envoyer un message à nos deux jeunes gens? "Runnin, Runnin, Runnin..."
— Merde, mon portable capte rien dans ce bled perdu, j'suis dèg!
Jimmy leva les yeux vers le ciel d’encre moucheté.
— Franchement, je me demande si on est pas paumé.
— Aaah, tu vois?!
Le petit soupir de satisfaction fit se retourner Jimmy.


"pussy, pussy, pussy, pussy, okay, 21... Metro Bomin want so more N****" "Glock in My Lap" et ses grands violoncelles volent au-dessus du jeune couple. Piano scintillant et chorale effrayante. Chanson saisissante.
Isa était là accroupie, la robe relevée de façon brouillonne sur ses cuisses, lumineuse dans les faisceaux des phares restés allumés.
— Tu sais que tu m’excites quand je te vois comme ça?
— Hé t’as vu ?
Jimmy pointa son regard dans la direction qu’Isa indiquait avec son menton, ses mains toute occupées à maintenir sa robe.
— Quoi ?
— Bin là le panneau routier! C’est pas un mec qu’on voit dessus ?
Jimmy s’approcha un peu et l’éclaira avec son briquet. C’était un panneau indicateur qui ressemblait en tous points à la mise en garde d’un passage d’animaux sauvages mais au lieu d’un cerf ou d’une biche bondissant hors des bois c’était la silhouette de 2 hommes que l’on pouvait voir. Très étrange...


21 : "Ayy, turn your phone off, take your clothes off,
I'm a savage, but I fuck her to a slow song" Metro en pleine inspiration Pi'erre Bourne, "Mr. Right Now" fait vibrer les basses de la Clio, les vitres aussi, et cela à chaque fois que le rythme repart frénétiquement.
— "Putain il est chaud Drake! Rhooo le duo de feu, Banger de feu, ça me chauffe ça" Dit Jimmy en commençant à bouger de la tête.
— Passe moi des mouchoirs en papier s’te plaît, au lieu d'faire le con, sous le fauteuil passager j'crois?
Jimmy, qui ne pouvait se retenir de danser comme un gosse, fouilla un petit temps.
— Ca y est, tu le trouves ?!
— Wo, wo, on God, 21, 21, 21!
— Hooo Jim! Au lieu d'chanter là! Regarde dans la boîte à gants ?
— C'est pas là non plus chérie.
— Merde !
— Attends, Ha si!
— Super, envoie vite, je commence à avoir des fourmis dans les jambes
— En plus t’as pas mis de culotte ! T’es vraiment une salope !" lâcha Jimmy en la contemplant.
— Ah oui, t’aurais préféré les grosses marques sous la robe moulante ? Et puis je trouvais ça plutôt sympa pour toi mais si t’en veux pas !
— T’es folle ou quoi ! Quand je te vois comme ça... j'te jure, mmmh !
Isa laissa retomber sa robe longue le long de ses jambes. Elle défit la pince qui retenait ses cheveux et la tint entre ses lèvres le temps que ses doigts, d’un geste expert, presque naturel, les rassemblent en un chignon qu’elle fixa entre les mâchoires dentées.


"This world's all about money and pussy
And you need to figure that out
Once you figure that out
You'll be better off in life." "Rich Nigga Shit" fait monter la température, le rythme ralenti, La profondeur de la prod met Mr Boomin au rang de maître d'orchestre. Le violon est ensorcelé et captivant.
Jimmy regardait Isa, les bras relevés dévoilant ses aisselles imberbes et les flancs lisses et rebondis de ses seins. Elle lui plaisait terriblement, depuis tout l'temps.
— Isa, t’as pas envie qu’on baise là tout de suite ?
— Quoi, au bord de la route ? Et si une bagnole passe ?
— On s’en fout des bagnoles et puis ici ça risque pas trop apparemment !
Jimmy la prit par la taille et l’embrassa sensuellement. Juste avant de partir, ils avaient bu un ou deux verres d'Henessy, une bouteille qui traînait au salon. Isa en avait encore l’haleine légèrement imprégnée. Jim adorait cette odeur qui se mélangeait avec le parfum de ses cheveux. Soudain, Isa se déroba et entraîna Jimmy dans la Clio.
"Slidin" apparaît dans les enceintes. Rythme crasseux, le flow de 21 est tranchant.
— Ah, non, pas dans la bagnole, j’t’en supplie. Si on avait une Cadillac, j’dis pas mais là...
— Tu veux quand même pas me prendre sur le capot!"
Jimmy hésita et monta le son de la musique exagérément puis s’empara du plaid qui dormait sur la plage arrière ainsi que de la main d’Isa.
— Où on va là ?
— On n’a qu’à s’enfoncer un peu dans les bois. On se mettra sur la couverture."
Isa se laissa entraîner sans la moindre résistance. Les ronces et les morceaux de bois morts s’agrippaient de temps à autre à sa robe malgré tous ses efforts pour la maintenir relevée.
— Ça va ici on est assez éloigné de la route ?
Isa regarda mais elle n’y voyait que dalle. Seuls les troncs des arbres formaient avec la Clio dont les phares étaient éteints des taches plus noires dans l’obscurité charbonneuse de la forêt.
"All one can do is accept that life is a double-edged sword" Slidin se termine sur ces mots de Morgan Freeman. Ces jeunes gens ne savent pas encore qu'une menace plane...
"Many Men" démarre, l'atmosphère est déconcertante, on entend ce clavier horrifique est une basse qui enveloppe la pénombre, le rythme est incroyable et Jimmy sourit en se disant que cet album, il va le cramer toute la fin d'année. Vivement les ré-écoutes...


— Hé c’est quoi cette lumière ?
— C’est mon portable, qu’est-ce que tu veux que ce soit d’autre ? Eclaire-moi deux secondes le temps que j’étale la couverture sur le sol. Parfait ! Tu viens ?
Isa n’était pas encore allongée que les mains de Jimmy couraient déjà partout sur son corps qui ne cessait de se tortiller sous les caresses pressantes et de plus en plus intimes de Jim. De temps à autre, ils pouffaient d’un rire étouffé et nerveux d’enfants bravant l’interdit.
— Attends un peu ! T’as entendu ?
— Entendu quoi ?
— Bin, j’sais pas. Comme un craquement de branche morte !
— On est quand même dans un bois. Allez viens !
Jim reprit Isa dans ses bras et lui embrassa le cou.
— Jimmy ?
— Quoi encore ?
— Excuse-moi, mais ça me rend nerveuse d’être là à moitié à poil au milieu d’un bois perdu.
— Arrête un peu avec ça ! Qu’est-ce que tu veux qui nous arrive ? T’as plus envie ou quoi ?
— C’est pas ça mais j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un."
Jimmy feignit de prendre en considération ce caprice et jeta un œil aux alentours. Il fallait être drôlement balaise pour voir quoi que ce soit et il lui fit savoir. Mais alors qu’ils s’apprêtaient à s’enlacer, un relent intense et musqué les submergea les stoppant net dans leur élan.
— Bon Dieu, c’est quoi cette odeur ?
— J’n’en sais rien mais ça sent la bête!"
Un silence... L'Interlude de Morgan Freeman... La différence entre un Snitche et un rat est expliqué avec sérénité. "The difference is, at least a snitch is human, but a rat is a fuckin' rat, period"
Soudain, un bruit assourdissant claqua dans l’air. Instinctivement, Jimmy et Isa se calèrent contre le sol sans plus bouger.
— C’était un coup d'feu, Jim ?
— J'sais pas moi putain d'merde!
— j’ai l’impression que c’était tout près d’ici ! On s’en va, ça me fout trop les chocottes ce genre de truc.
"Snitches and rats, snitches and rats
Snitches and rats, they all get whacked (Pussy)" Le titre fait accélérer le palpitant d'Isa. Nudy et 21 semblent s'enfoncer dans la musicalité exceptionnelle et déroutante de Metro.
Jimmy râlait un peu de voir son plan tombé à l’eau mais il devait reconnaître qu’il n’en menait pas large non plus, alors ils se relevèrent discrètement et s’avancèrent à tâtons vers la route. Il leur restait une vingtaine de pas à faire quand 2 masses imposantes et spectrales s’élevèrent à quelques mètres devant eux leur barrant le passage. Ils n’eurent que le temps de ne pas mieux en discerner les formes précises qu’une nouvelle déflagration éclaboussa la forêt suivie de l’impact de projectiles dans un tronc à coté d’eux.
— Putain, mais il nous tire dessus ce con !
— Quoi ?! Mais pourquoi ?
Jim ne chercha pas à répondre. Il chopa la main d’Isa et la tira dans la direction opposée. Ils se mirent à détaler droit devant sans prendre le temps de la réflexion. Fuir ! Que pouvaient-ils faire d’autre ? La fuite s’imposait à eux comme l’unique moyen de survie. Il fallait galoper vite, le plus vite possible, mettre de la distance pour se diluer dans l’opacité de la nuit.
Ils couraient sans penser, sans chercher à comprendre, vers nulle part. Chaque pas de leur course aveugle, qui les enfonçait toujours plus profondément dans l’épaisseur du bois, éraflait leurs mains, agressait leur visage, mordait leurs chairs de toutes parts. De temps à autre, Isa, remorquée par Jimmy, avait l’impression que son bras se déchirait et son épaule se disloquait sous les à-coups de leur course saccadée. Elle continuait de courir. Il le fallait ! Mais elle sentait qu’elle faiblissait, que son souffle l’abandonnait, que ses jambes se dérobaient, lentement tétanisées par la peur, la fatigue et la douleur. Jim se sentit soudain freiné et tiré vers l’arrière. Isa était à terre.
— Arrête jim, j’en peux plus !
"That's my dawg (That's my dawg)
He gon' ride (He gon' ride) off the leash (Off the leash)
He gon' slide" Savage Mode 2 continu sa lecture au loin. Le piano effrayant de Metro rythme la fuite des 2 pauvres jeunes gens.
Jimmy s’agenouilla tout contre Isa, cherchant à se planquer au maximum dans les broussailles épineuses. Leurs respirations courtes et paniquées s’entrechoquaient.
— Qu’est-ce qu’il y a, tu t’es fait mal ?
— Non, mais j’en peux plus j’te dis !
Jim mit sa main sur la bouche d’Isa qui s’était mis à élever la voix. De partout, ils pouvaient entendre des bruits cognant contre le sol terreux. Des déplacements sourds et massifs. De temps à autre, ça s’arrêtait et tout à coup, le silence. Puis ça repartait. Ils ne les avaient pas semés loin de là. « Les » car ça ne faisait aucun doute qu’ils étaient plusieurs. Combien ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient savoir ! Seules des masses aux formes indistinctes se détachaient par moment dans l’obscurité et semblaient les cerner peu à peu.
— Viens Isa, y faut pas rester ici !
— Mais, arrête ! Où tu veux qu’on aille ?
— J’en sais rien, mais y faut s’casser de là, tu m’entends Isa, y faut s’casser, on a pas le choix !
Alors que Jimmy avait empoigné sa main pour s’arracher du piège qui se refermait sur eux, Isa le retint.
— Qui c’est, Jim?...Qu’est-ce qu’ils veulent ?...Mais pourquoi ?
Isa le matraquait de questions sans même attendre la moindre réponse. Il n’en avait aucune de toute façon. Mais il l’écoutait. Il écoutait cette voix vibrante d’effroi et d’incompréhension. Il pouvait deviner les larmes mais aussi la résignation. Jimmy embrassa la main qu’il tenait toujours puis il hissa Isa sur son dos.
— Accroche-toi ma belle !"
Il sentit les bras d’Isa s’enrouler autour de ses épaules et les serrer. Il marqua un arrêt de quelques secondes, puis, d’un coup sec, il s’extirpa des buissons et se remit à cavaler de façon éperdue.
C'est là que retenti "Steppin on Niggas"! Le rythme qui claque, les trompettes triomphantes donnaient du courage à Jimmy. Les scratchs allaient et venaient sur le tempos des buissons qui frottaient les jambes de Jim, qui courait tant bien que mal.
Le corps d’Isa pesait davantage à chaque enjambée mais il la sentait s’agripper à son cou comme une naufragée à sa bouée. Il aurait la force pour deux ! Soudain, une détonation sèche aboya dans le noir qui se taillada d’un flash rougeoyant. Jim poursuivit encore quelques pas sur sa lancée puis vacilla vers la gauche et tomba dans les broussailles tandis qu’un gueulement infernal, comme un brame, résonna dans les entrailles de la forêt.
Il ne comprenait pas. Il ne saisissait pas pourquoi Isa avait desserré son étreinte l’envoyant valdinguer sous sa masse dans les fourrés. Il rampa vers Isa, immobile, et la saisit par les hanches. Mais une forte odeur métallique lui remonta aux narines en même temps qu’une sensation douce et chaude lui mouillait les mains. Il chercha de ses doigts visqueux son portable. L’écran ensanglanté éclaira le flanc d’Isa. Du sang s’écoulait en flots continus et épais au travers de sa robe percée de chevrotine. Il remonta jusqu’aux yeux mi-clos et atones d’Isa. Terrifié, il se bâillonna la bouche pour tenter d’étouffer un cri d’effroi et resta de longues secondes le dos vissé au sol.
"Brand New Draco", et sa basse Vrombissante découpe la nuit, encore un banger incroyable. Jim l'entend, mais ne l'écoute pas.
Il avait beau se battre, serrer les doigts jusqu’à enfoncer ses ongles dans ses paumes, de fortes convulsions continuaient de secouer tout son corps foudroyé par une trouille abyssale. Son cœur, ses poumons, son foie, jusqu’à sa rate s’affolaient à tout rompre. Tout tournait dans sa tête, asphyxié par ce trop d’absurdités. Ca ne pouvait être qu’un putain de cauchemar ! Pourtant tout était bien réel. Réel ce sol humide qui l’aspirait. Réelles ces ronces qui lui déchiquetaient la peau du dos. Réelles ces ténèbres qui se faisaient complice de son effarement. Submergé de toutes parts, Jimmy, le visage grimaçant et enfoui au creux de ses bras, tendit l'oreille, écouta cette fois-ci. C'était "No Opp Left Behind". Les envolés sonores sont émouvantes. La mélancolie qui s'en dégagent grâce aux nappes magiques de Metro arrachèrent à Jim des larmes lourdes. Oui, il se mit à pleurer comme un enfant. Il ne parvenait pas à réprimer de profonds geysers de sanglots qui remontaient de ses tripes et explosaient dans sa gorge tant bien que mal muselée. Mais en même temps que l’eau salée ruisselait le long de ses tempes et évacuait la pression de terreur qui écrasait son corps, elle érodait sa détermination, ravinait sa volonté, désagrégeait son obstination. Il avait une envie incommensurable de tout lâcher, de tout abandonner. Se résigner, capituler et accepter l’inacceptable pour autant que tout s’arrête ! Naufragé désespéré au cœur d’une mer infinie, il avait lâché les rames et se laissait aller à la dérive.
"If possible, all enemies should be eliminated" Le dernier vers de Morgan Freeman était saisissant.
Soudain, Jimmy se figea et huma profondément le fond de l’air. Il y avait une odeur forte et hostile. Il sentit la peur, refoulée par les larmes, remonter des tréfonds de son cerveau et envahir son cortex. Elle s’immisça dans les tissus, excitant les nerfs et déboula en un flot fulgurant d’adrénaline dans les muscles qui se bandèrent. Une mélasse de glucose se déversa dans son sang reconstituant le stock d’énergie à une vitesse vertigineuse. Boostés, ses sens devinrent tranchants comme une lame de rasoir. Jim ne pensait plus à Isa.
"RIP Luv", Ce rythme lent était paradoxale à la situation, Jimmy se sentait dans un état second, comme au ralenti. Les claviers qui clignote au loin. Serait il en train de mourir?
Il se foutait de ne rien comprendre à quoi que ce soit. Son humanité totalement dissoute par cet affolement corrosif, seuls ses instincts, à la manière de mutins opportunistes, avaient pris les commandes. Il fallait agir vite. Prendre les devants et surprendre. Jimmy n’attendait qu’un signal, celui de son instinct qui saurait l’instant. Tapi contre le sol tourbeux, les yeux ronds et la respiration aux abois, il épiait le moindre murmure, le moindre souffle, prêt à obéir... Maintenant ! Iil plongea la main dans sa poche, en retira son portable qu’il ouvrit et le fit tourbillonner comme une luciole le plus loin possible. Profitant de cette diversion, il jaillit des fourrés et se rua en sens inverse, vers ses traqueurs. Avec une vivacité sidérante, il se faufila entre les masses prédatrices distraites par cette phosphorescence filante et se retrouva derrière elles. Sans demander son reste, il détala droit devant puis bifurqua sèchement et traça à nouveau tout droit. Il refit cela à plusieurs reprises ayant sur ses poursuivants l’avantage de la fluidité et de la légèreté. Il ne voyait quasiment rien mais obtempérait à des pulsions qui le guidaient parmi les obstacles. Il ne courait pas, il bondissait entre les arbres dont il anticipait la présence avec une intuition hallucinante. De temps à autre, il s’arrêtait net et se planquait dans la végétation puis, d’une impulsion subite, il se relançait dans sa fuite effrénée toujours avec la même dextérité. La conscience de Jimmy semblait s’être ratatinée, rabougrie pour n’être plus qu’une vague voix intérieure et lointaine, comme une pensée fiévreuse, lui dictant sa conduite. Soudain, il sauta au-dessus d’un petit fossé et...l’asphalte était là sous ses pieds ! Un peu désarçonné par ce changement brutal d’environnement, Jim resta là haletant au milieu de la route sinueuse et noire. Mais un bruit... comme une accélération d'un moteur pas très lointain. Puis deux lumières. Rondes. Aveuglantes. Rapides. A leur vue, Jim se contracta puis se figea, incapable de décoller son regard de ses deux soleils hypnotiques. Le choc fut si violent et la douleur si vive qu’aucun son ne sortit de ses lèvres. Son corps roula et s’immobilisa sur le côté de la route. Un petit filet de sang s’écoula de sa bouche et brilla sur le bitume. Les yeux de Jim étaient mis clos, un léger râle s'échappa de sa bouche. L’aube se levait. L’air était frais. A l’horizon, le noir du ciel pâlissait vers le bleu.
De la voiture, une Clio, la Clio, sortirent 2 hommes. Il s'approchèrent du corps inerte. Un des 2 hommes avait un visage fin, félin presque. Il portait des lunettes aux verres fumés. L'autre avait un visage plus rond et portait une sorte de bandana sur la tête. Ils regardaient Jimmy rendre son dernier souffle.
Jimmy, lui, eu tout juste le temps de reconnaître ses assassins. Se tenaient devant lui les 2 grandes figures du Hip-Hop US, 21 Savage et Metro Boomin.
s'en était trop pour lui, Jimmy se laissa aller et tendit la main aux anges, il était mort.
Dans la clio avait démarrée la dernière piste, "Said N Done".
Les 2 rappeurs se retournèrent, entrèrent dans la voiture, les vitres toujours baissées, le volume au max. La voiture s'éloigna lentement sur ces mots de cette voix rocailleuse et chaude de Morgan Freeman :
"When all is said and done
We can only judge, punish, reward, enslave, and free ourselves
There will always be doubters and haters, but they only have the power you give them
Remain focused, move forward, and never lose faith in yourself
Until next time, stay in Savage Mode
Because anything else would be too damn civilized
Peace"
La journée promettait d’être belle.


9/10

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le 2 oct. 2020

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