Pygmalion
7.7
Pygmalion

Album de Slowdive (1995)

Slowdive aura finalement fait ce que My Bloody Valentine n’avait pas osé : continuer après avoir sorti son chef d’œuvre (ce qui n’était pas nécessaire quand on constate le résultat).


Il est évident que faire mieux que Souvlaki était mission impossible, alors le groupe a choisi de virer complètement de bord. Le shoegaze, c’est terminé : place à l’ambient et même au post-rock. Le groupe reste néanmoins lui-même et c’est l’un des tours de force de ce disque dépouillé, triste mais toujours pop et profond. Ho je me doute que Pygmalion a dû décevoir beaucoup de monde (dont leur label qui les virera à coup de pompes), mais il ne s’agit pourtant pas d’un volte-face dans le fond.


Slowdive savait effectivement écrire des chansons, mais il ne le faisait pas forcément systématiquement. Puisqu’il avait tendance à privilégier les textures et les atmosphères quitte à devenir finalement plus ambient que pop dans sa démarche. Ce disque est donc la conclusion logique de leur carrière. Une fois enlevé le mur de son typique du shoegazing, il ne reste plus que le squelette. La substantifique moelle. C’est-à-dire les brides de mélodies et les arrangements. Car c’est bien là où s’est régulièrement situé le point fort de la bande. Sa soif d’expérimentations le poussant d’ailleurs à jouer avec les échos et les répétitions de manière ingénieuse (« Miranda » et ce bruit de sonar sur « Trellisaze »).


Un disque, au final, très inspiré et qui contient également l’une des plus belles chansons existante : « Blue Skied An' Clear ». De la mélancolie en lévitation mise en musique et qui sera très bien utilisée par le cinéaste Gregg Araki pour conclure son Doom Generation soit dit en passant. C’est d’autant plus frustrant qu’elle ne soit pas l’ultime chanson du groupe. Ce dernier ayant eu la mauvaise idée de placer un « All Of Us » végétatif en guise de conclusion et qui annonce le folk lénifiant de Mojave 3, futur projet du couple Halstead/Goswell et qui sera rejoint par un membre de Chapterhouse.


Depuis peu, Slowdive s’est reformé et des rumeurs sur un nouvel album vont bon train. Mais que peut-on encore dire après un disque aussi feutré ? Le silence serait évidemment le choix le plus logique et le plus sage.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
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le 29 août 2015

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