Dès l'aérogare...

Au cours des années 60, mais aussi 70, Claude Nougaro c'est imposé comme l'un des plus grands chanteurs de sa génération avec un style indissociable et inimitable mêlant jazz et variété française qu'il fut l'un des seuls à pratiquer. Plusieurs tubes s'enchaînent "Armstrong", Toulouse, "Tu verras" et j'en passe…
Cependant, les années 80 furent moins prolifiques pour le chanteur, les standards musicaux évoluent, le monde la musique avec lui et Nougaro se retrouva peu à peu ringard, rangé dans la case « chanteur préféré des parents ». Le grand public n'est plus au rendez-vous et c'est ainsi qu'en 87 que Philippe Constantin, qui avait pris en 85 la tête d'un nouveau label Barclay, fait le choix de ne pas renouveler le contrat de Nougaro avec pour motif « manque de résultat ».
Nougaro ne se laisse pas abattre et comprend que pour survivre dans l'univers musical il lui est impératif de se renouveler, il finit donc par prendre un avion pour New York afin de chercher de nouvelles inspirations. S'entourant d'une nouvelle équipe, de nouveaux musiciens… il enregistre un nouvel album qui fera partie des plus cultes de l'artiste.
Là-bas il fera notamment la rencontre de Philippe Saisse qui collaborera en grande partie sur la musique des différents titres de l'album. C'est notamment lui qui trouvera la musique du cultissime Nougayork de manière plutôt fortuite puisqu'il était à ce moment-là en train de faire un footing dans les rues de la ville, Nougaro pausera dessus dans un temps record des paroles créant ainsi un morceau culte !

Concernant les autres chansons de l'album on y retrouve beaucoup de texte directement inspiré par la ville de New York, par exemple
-Harlem rendant hommage au quartier berceau du Jazz qui a inspiré tant de fois l'artiste, certains vers ne sont d'ailleurs pas sans rappeler Armstrong « chanter dans le noir pour ne pas avoir peur, cruel dilemme/unique espoir pour un homme de couleur ».
-Lady Liberty au sujet, comme son nom l'indique, de la célèbre statue dont il fait ici un bien bel éloge.
-Ou encore Un écureuil à central park une « comédie musicale en trois actes et 17 tableaux » comme le dit l'artiste au tout début de la chanson. C'est une longue chanson d'une dizaine de minutes pouvant faire penser à un dessin animé si on pas l'esprit assez mal placé pour comprendre les différents sous-entendus du texte « et que penses-tu de mes noisettes y en a pas trois y en a que deux ».

Enfin un petit mot sur la chanson de clôture de l'album "Il faut tourner la page", une très belle chanson trop injustement méconnu à mon sens. Nougaro y fait bien sûr référence à son renvoie de Barclay et à sa nécessité de se renouveler, mais sa magnifique plume la rend pertinente dans bien d'autres situations également.

Avec cet album Nougaro parviendra bel et bien à se renouveler et à relancer sa carrière. S'il craignait que ces fans habituels lui tournent le dos à cause de trop grande différence avec ces précédents albums ils lui resteront pour la grande majorité fidèles tout en atteignant également un nouveau public.