Excusez ce potentiel manque de culture littéraire, mais je n'avais jamais eu l'occasion de lire de Balzac avant ma lecture récente du Colonel Chabert ; bien sûr je connaissais l'individu, j'avais entendu des anecdotes autour de sa fameuse productivité conséquente, mais jamais l'occasion ne m'avait été donnée de parcourir l'un de ses romans.

C'est donc un peu par hasard que je me suis laissé tenter par lecture de celui-ci, parce que la couverture m'a attiré l'œil, car le « 2,50€ » imprimé ostentatoirement sur cette même couverture m'a fait me dire que dans le pire des cas ça ne m'aura pas coûté cher et, car le roman avait l'air d'être court, 130 pages environ (j'ai même pensé au départ qu'il s'agissait d'une nouvelle mais semble-t-il non.)

Bref, me voilà ainsi plongé dans la lecture de cet intrigant ouvrage et il n'y a pas à dire j'ai passé un bon moment. Comme je l'ai dit, ça a la particularité d'être court ce qui fait que ça se lit vite et qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Les sortes de divagations (qui n'en sont pas vraiment) où l'écrivain s'évertue à nous décrire (fort bien d'ailleurs) le décor qui entoure les protagonistes, permettent de marquer assez adroitement une pause dans le récit entre deux importants dialogues et de savourer la plume de l'auteur qui rend crédible cette description d'un Paris pré-haussmannien et d'une sorte d'étude des mœurs de l'époque via la pensée des personnages du roman.

Ainsi le roman s'intéresse principalement à la vie tourmentée et complexe de ces anciens « héros » des guerres napoléoniennes peinant à trouver leur place dans ce Paris de la Restauration qui cherche autant que faire se peut à effacer l'image de la révolution et du culte impérial qui lui a succédé. Le personnage du Colonel Chabert est ainsi un exemple poussé à l'extrême de ces anciens militaires mis au ban de cette société ; littéralement revenu d'entre les morts personne ne veut croire à son histoire ou bien préfère ne pas y croire par intérêt.

Seuls quelques-uns convaincus par son histoire acceptent de l'aider, mais Balzac place alors une ambiguïté de savoir s'ils le font par altruisme, compassion ou pitié pour ce pauvre colonel déchu ou plus prosaïquement, car ils sont bien conscients de ce qu'ils pourraient y gagner dans le cas où le Colonel retrouverait enfin le statut dû à son rang… statut essentiellement financier donc.

Le personnage du Colonel Chabert c'est donc celui d'un héros d'un temps alors déjà révolu qui s'est donné corps et âme pour une France qui va par la suite le rejeter comme fantôme d'une gloire passée l'obligeant à faire face à profond un égoïsme de ses contemporains qui ne le sont donc pas tant que ça.

Mais c'est aussi plus globalement l'incarnation des hommes usés par la société et un modèle judiciaire qui les rejette, les envoyant « à l'hospice » pour éviter qu'on ne les entende trop se plaindre au croisement d'une rue.

(En revanche, si vous devez le lire je ne vous conseille pas forcément l'édition que j'ai lue, ‘‘folio classique'', elle est intéressante, mais on sent qu'elle a pas vraiment été mise au goût du jour malgré une réimpression fin 2022. Non parce que (entre autres) les notes de bas de page qui te font les conversions monétaires en Franc…c'est pas forcément ce qu'il y a de plus pratique)

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le 7 févr. 2023

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