Love Frequency
4.8
Love Frequency

Album de Klaxons (2014)

Je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais on voit parfois des groupes de rock alternatif péter complètement un câble d’un album à l’autre et ne devenir plus que l’ombre d’eux-mêmes. Le pire exemple que l’on puisse citer dans ce domaine est celui des Killers, qui, entre “Sam’s Town” et “Day and Age”, ont littéralement sombré dans la nullité. Je suis hélas au regret de vous annoncer qu’il pourrait être arrivé la même chose aux Klaxons avec cet opus, qui présente tous les symptômes du virage musical à 180 degrés mal négocié.

Même si cette débâcle n’est pas aussi grave que celle des Killers, car elle aboutit à un disque juste moyen, il y a de quoi se demander comment des types qui ont pondu un morceau comme “Echoes” quatre ans auparavant, merveille du rock indé, en sont arrivés là. S’il est évident que la survie d’un groupe passe souvent par le renouvellement de leur son, que faut-il penser de “Love Frequency”, qui enterre définitivement le mouvement new-rave dont les anglais furent le fer de lance ? Tout d’abord, il est clair que les guitares qui avaient forgé leur réputation ne sont plus en odeur de sainteté sur cet album, remplacées par des sonorités beaucoup plus electro, pour ne pas dire dance, pour ne pas dire plus putassières qu’auparavant. On est donc bel et bien face à une tentative de transition vers un univers plus pop et grand public, transition qui, en toute logique, laissera une bonne partie de leurs admirateurs sur le carreau, ou, au mieux, remplis de sérieux doutes. S’il fallait citer un exemple de ce revirement, c’est la sortie prophétique du single “There is no other time”, titre dansant et funky, à mille lieues des Klaxons version 1.0. “Show me a miracle”, le morceau suivant, ressemble carrément à du Justin Timberlake qui aurait bouffé un clavier, avec sa rythmique hip-hop. Ce qui m’amène à apporter une précision somme toute dérisoire : “Love Frequency” est bourré, voire boursouflé de synthés, au cas où on aurait pas compris que le but était de faire de la grosse pop bien grasse et taillée pour les dancefloors. Un choix qui, bien qu’assumé, pèse lourd quand on voit la négativité qui suinte de l’ensemble des critiques.

Dans le fond, pourtant, l’identité du groupe reste palpable (c’est assez flagrant sur “Atom to atom”), et on pourrait presque dire que leur seul tort, ce sont ces fameux claviers, qui sont finalement utilisés dans le même esprit que les guitares de “Myths of the Near Future” ou “Surfing the Void” mais donnent des résultats plus outranciers, moins convaincants, qui rappellent parfois les heures sombres des années 90. Si on se décide à accepter ce disque tel qu’il a été pensé, on pourra au moins se féliciter de “There is no other time”, “Show me a miracle” et “Rhythm of life”. “Invisible forces”, “New reality”, “Atom to atom” et “Love frequency” suscitent aussi un intérêt certain, même si pour du Klaxons, ça reste trop basique, comme une solution de facilité. En contrepartie, l’album est d’ailleurs inégal, l’absence d’un titre hyper accrocheur se faisant cruellement sentir, sans compter cet enchaînement catastrophique “Liquid light” / “The dreamers” : entre l’instrumental inutile qui achève de vous dégoûter du trop-plein de synthés et la chanson molle et pas inspirée, on a soudain très envie de changer de fréquence… Et tant pis pour l’amour et l’admiration qu’on portait au quatuor britannique.

Il leur a sans doute fallu du courage pour oser pondre cet opus… Il leur en faudra autant pour l’assumer dans les années qui viennent.
Psychedeclic
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le 20 août 2014

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