Cet album des Strawbs, le premier en studio (et le seul) avec Wakeman est touffu, folk, progressif, c'est un arbre au bois rare. Wakeman y imprime la plus belle marque de sa carrière....
Wakeman plus précis, moins abondant, n'a pas ici la note trop facile. Il ne cherche pas à en faire trop et placer toutes les notes de la gamme des accords qu'ils plaquent. Il y joue sur 7 morceaux de l'orgue, un peu de moog et synthé du clavecin et surtout du piano.
Une sobriété qui lui va à merveille. Le groupe tenu dans une main de fer par Cousins donne ici un très grand album. Aucune concession commerciale, les instruments sont multiples. La pièce titre a un charme fou avec clarinette, banjo et dulcimer. Sur Thirty Days on retrouve même de la sitar et les voix font très Beatles... très très Beatles... Flight qui suit est aussi très “beatlesque” et seul le piano électrique de Wakeman arrive à couper court dans cette influence.
Une des pièces de résistance suit ; The Hangman and The Papist... L'orgue de Wakeman attaque le morceau divinement, les guitares acoustiques lancinantes et la voix de Cousins s'élèvent....ce morceau de pendu et de religion nous saisit à la gorge et nous laisse les jambes chancelantes dans le vide...On se demande avec la chanson : mais qui donc doit mourir? pardonne nous mon Dieu on le pend en ton nom !
Ceci est enchaîné avec le superbe Sheep où encore Rick triomphe . C'est tout un morceau miroir de la nervosité des moutons qui vont se faire trancher la gorge au marché. Il faut entendre ici Wakeman et regretter à jamais qu'il ait quitté les Strawbs...Il joue comme il ne jouera jamais plus...et le jeune fermier, témoin du bain de sang , quand il sera grand plantera des graines d'amour et récoltera la paix...Les 60's sont pas loin...
Cannondale doit tout encore à Wakeman, mystérieux, mystique, les bois sont définitivement enchantés....
The Shepperd's Song est vraiment le couronnement de l'album et Rick joue un peu de tout et avec une remarquable efficacité sobre...tout ce qui lui manquera plus tard est révélé dans cet album. Les sonorités espagnoles de la pièce sont enivrantes comme l'arène du torero !
In Among The Roses avec son clavecin et sa voix fragile est un bijou. On se croirait à la cour d'un roi du Moyen-Âge. On n'en fait plus des comme ça et Strawbs en détenait le secret.
Le morceau final vient nous réveiller de ce rêve dans une chanson qui n'est pas sans rappeler le Perth County Conspiracy Canadien (groupe mythique de folk prog Ontarien) et qui s'entonnerait bien autour d'un feu ou dans un pub Anglais. Seule la guitare électrique l'élève ailleurs. C'est joli et ça passe bien.
From The Witchwood est un immense album qui possède tous les charmes de la virtuosité subtile et l'épaisseur des bois enchantés... Une merveille de ce groupe si souvent sous -estimé et qui vaut son poids de bois précieux.
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. Le bonus de la réédition: Keep The Devil Outside ne dépare pas l'album et s'inscrit dans la logique de celui-ci.