Days Are Gone
6.4
Days Are Gone

Album de HAIM (2013)

Le Summer Spirit à son meilleur niveau !

La réussite de certains disques tient dans leur capacité à nous emmener ailleurs. Certains albums nous plongent dans une introspection vertigineuse, d'autres nous envoient en orbite ou nous font juste profiter du moment présent. Et y en a qui sont juste de véritables passeports musicaux.
"Days Are Gone" n'a pas attendu longtemps pour me prendre par le col et me balancer dans une sorte de mélange hybride entre Los Angeles et San Francisco où l'océan n'est jamais très loin et le soleil toujours au zénith. La couverture de l'album est un peu à l'image de ce qu'il dégage. Y a des groupes comme ca, qui transpirent la Californie, qui sentent bon l'herbe grillée par le soleil et qui te mettent les cheveux au vent en deux secondes : les sœurs Haim et leur premier opus en font partie.
Certains diront que "Days Are Gone" est sur-produit, qu'entre l'EP et l'album le groupe s'est dénaturé et que le vernis glossy des studio est passé par là. J'aurais tendance à dire que les trois sœurs font état de la panoplie de styles qu'elles peuvent jouer et embrassent pleinement leurs différentes influences. Elles réussissent le mariage d'un soft rock aérien qui lorgne vers des rythmes R&B. Autant vous dire que l'union a été consumée... Le trio californien n'y va pas par quatre chemins, et fortes d'une identité affirmée et totalement assumée, elles délivrent un album rafraichissant et dansant où des morceaux de pure pop côtoient des élans groovy et funky, teintés par des percussions explosives, riches et omniprésentes et une guitare délicieusement 70's. Des fois, faut juste prendre les albums comme ils viennent.

Décorticage enthousiaste chanson par chanson :

L'album débute telle une onde de choc: tout en douceur, porté par un écho sourd nourri par des synthés profonds et graves. La première secousse se fait sentir avec l'entrée de la voix de Danielle Haim, à la fois soufflée et accrocheuse, et à la diction percutante (le Roi de la Pop est passé par là). Elle est accompagnée par une ligne de guitare en sourdine et toute en tension. Quand les percussions exotiques enchaînent sur des rythmes claires et légers et que la basse d'Estes Haim inonde le morceau d'un groove contagieux, il en a été fini de moi. Le solo digne d'une piste cachée de Rumours finit de m'achever.
La deuxième piste n'attend pas mon retour d'entre les morts, et le tube FM Forever débute. Les refrains à l'accroche hyper efficace, ponctués de "Hey you! Hey you!" s'accordent parfaitement avec le florilège de percussions et les lignes de basse et de guitare simples mais solides. Ici, on ne fait pas dans la dentelle, et le trio s'engage sur l'autoroute de la power pop, entre synthés aux harmonies sucrées, percussions envahissantes et guitares en pointillés. Nous voila partis pour un road trip ensoleillé de onze morceaux.
Le troisième titre intitulé "The Wire" n'est pas moins subtil que les deux premiers. Le slide introductif très 70's met en place le décor. Les trois sœurs posent leurs voix à tour de rôle sur une guitare FM en flux tendu et un rythme binaire pour délivrer un hymne girly tout en puissance. Si Joan Jett avait fait de la pop, ca aurait pu donner ca. Le solo made in Fleetwood Mac fait état de la maitrise de Danielle Haim (chanteuse, guitariste, percussionniste, badass à plein temps) qui sait décidément tout faire.
Le premier tiers ultra solide de l'album se termine sur ma chanson préférée "If I Could Change Your Mind" qui concentre à peu près tout ce que j'aime. La structure du morceau est classique mais parfaitement maitrisée. Les reprises de chaque refrain, accompagnées de synthés 80's aux accents souls, sont jouissives. La voix de Danielle, toute en sensibilité, est guidée par une basse toute en rondeur et chaude comme la braise. Des hit hat discrets et exotiques l'accompagnent jusqu'au refrain où l'apport des chœurs propulse la chanson vers des sommets dignes des meilleurs morceaux de Phil Collins. Alors que certains y seraient allés qu'à moitié, les filles mettent les pieds dans le plat et font tout au premier degré parce que why not?
Pour s'en remettre, on enchaîne tout en douceur sur "Honey & I" qui s"installe sur la pointe des pieds. Les instru sont en second plan, et laissent la place au chant qui se taille la part du lion. On apprécie la douceur des chœurs aériens et du lead vocal de Danielle, digne héritière d'une Christine McVie au sommet de son art. La fin plus énergique laisse présager un retour plus rythmé.
Et c'est sans se tromper que l'on repart sur les chapeaux de roues avec "Don't Save Me" et un rythme très catchy et un phrasé tout en hauteur et ultra percutant : "Take me back, -take, -take, tack me back" qui me font monter aux rideaux et qui fait délicieusement penser à un "Family Man" des Fleetwood Mac et ses "I am what I am, -am what I am, -am what I am, a family man". Je suis conquise depuis longtemps, mais Danielle en rajoute une couche avec sa façon de chanter très rythmée tout en conservant un petit tremolo soufflé du plus bel effet. Les montées harmoniques vers les refrains sont ultra prenantes et font écho à "If I Could Change Your MInd" ce qui n'est pas pour me déplaire.
Arrive le morceau le plus faible de l'album "Days Are Gone", il en fallait bien un. Danielle laisse sa place à Alana Haim et malheureusement celle-ci subit la comparaison avec sa sœur. Les couplets sont plus faibles et manquent de puissance. Il semble que les filles aient été moins inspirées malgré une belle envolée dans le dernier tiers de la chanson.
"My Song 5", aux accents White Stripes-ien fait vite oublier le petit écart précédent. Les percu industrielles, lentes et puissantes couplées à des gros riffs qui tâchent vous font vibrer de l'intérieur. Elles abusent peut être du tambourin mais les grosses vibes saturées du morceau montrent que les filles en ont dans leur culotte et que les blousons en cuir sont pas là pour faire jolis et ca suffit à mon bonheur.
On enchaîne avec le retour en force de Danielle et des chœurs toute en justesse avec "Go Slow". On reste dans la même lignée que "My Song 5" avec une basse line omniprésente mais sans les riff bien gras et un retour aux harmoniques pop et aux percus savamment dosées. Le morceau est délicieusement sexy. L'association des voix entre les sœurs est bien adaptée, chacune apportant le meilleur d'elle même. L'arrivée du refrain fait l'effet d'une montagne russe, montée progressive avec les "Heat, Heat, Heat, Heat" soufflés par Danielle et décrochage dans le vide avec le "chœur" qui remonte dans la gorge sur les différentes accentuations du refrain. J'en suis toute chose...
Je vous rassure, on arrive à la fin de l'album, mon roman est bientôt fini. Plus que deux chansons et les filles décident de m'achever encore une fois avec "Let Me Go" et son rythme tribal, qui vient chercher profond dans les basses et fait vibrer les murs. L'intro quasi à capella, nous fait dresser le poil. Ce sont les gros tambours du refrain dignes d'une Florence Welsh en transe qui nous sortent de notre torpeur. Le rythme quasi cardiaque de la chanson alterne entre un tempo lent, sourd, régulier et une tachycardie de grosses caisses et de riff lourds où se pose cette fois ci avec justesse la voix d'Alana.
On finit en douceur avec "Running If You Call My Name" sorte de fille spirituelle d'Another Day In Paradise où Danielle nous susurre comme toujours des paroles qui font mouche naturellement le tout sur des caisses claires et une frénésie de toms 80's. Que demande le peuple ? La fin de ce roman et un deuxième album!
Wolfinette
9
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le 10 févr. 2015

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Wolfinette

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