Trouble in Paradise
6.2
Trouble in Paradise

Album de La Roux (2014)

Passons le couplet, des 5 ans c'est long, beaucoup de choses ont changé, Langmaid est parti, problèmes de voix blabla.
Cinq longues années après nous avoir tous décoiffés, Elly Jackson m'a surprise. "Trouble in Paradise" est bien différent de son précédent album éponyme, il est le fruit d'une maturation, d'une affirmation, d'un changement de style, bref : d'une évolution qui fait sens. Il est difficile de ne pas entamer une comparaison, là où "La Roux" nous faisait danser sur des synthés agressifs, "Trouble in Paradise" nous prend par la main et la magie opère sur des rythmes plus langoureux et humains.
Dans un univers commun, chaque chanson dresse un décor à part entière.

L'album s'ouvre sur l'énergique "Uptight Downtown" qui sent bon Bowie et Depeche Mode et où les superpositions des chœurs et du riff funky annoncent la couleur : "The temperature is rising".
On enchaîne sur "Kiss And Not Tell" et ses synthés tout en rondeur, et cette petite mélodie tropico-kitsh qui accompagnent une Elly Jackson qui s'affirme "And all I want is to come right out of my shell".
La ligne de basse de "Cruel Sexuality" nous cueille dès les premières secondes et nous emmène vers un refrain langoureux, bercé par un discret, mais percutant "Hi-Hat"et des chœurs délicats. Jackson termine en scandant "You make me happy in my everyday life, why must you keep me in prison at night?" pour nous faire redescendre sur Terre.
Le trio infernal vient de se terminer, il est temps de se poser et les premières notes de "Paradise Is You" se font entendre. La voix vaporeuse et lointaine de Jackson se pose sur une ligne de piano qui couplée à des synthés aériens nous transporte sur une plage au couché de soleil, où le sable encore chaud de la journée prend la teinte du ciel rosé. On n’est pas bien là?
Après ce changement de rythme, l'album repart de plus belle avec l'un de mes morceaux préférés : "Sexothèque". Les percussions 80's étouffées de l'intro nous échauffent et un chaleureux synthé vient prendre le relai en attaquant la mélodie principale du morceau. L'envie de mettre des lunettes de soleil et une chemise à fleurs me démange. Le rythme riche du morceau et les paroles légères (mais pas si légères que ça) sont le cocktail parfait de ce morceau au refrain entêtant et délicieusement groovy.
Restons dans le même registre et la même énergie avec l'enchaînement parfait sur "Tropical Chancer". Ca tombe bien j'avais gardé ma chemise en fleurs. LE morceau qui incarne parfaitement l'esprit de l'album et qui allie ambiance tropicale, guitare funky sur des percussions 80's et des paroles qui insufflent une profondeur à des morceaux jamais superficiels "I met him through a dancer, didn't know he was a tropical chancer".
Après deux chansons pleines de chaleur, l'album prend un virage à 180° et nous revoilà partis en 2009, où du moins, c'est ce qu'on pourrait penser avec "Silent Partner". Nous voilà propulsés dans un jeu vidéo 8-bits où on s'attend à voir des Ghostbusters attaquer ces synthés qui cassent tout sur leur passage. Les deux dernières minutes du morceau sont surprenantes, et dans le très bon sens du terme. Jackson nous fait savoir qu'elle n'a rien perdu de son mordant et nous prend totalement à contre-pied.
Après 7 minutes sorties d'une autre planète, retour au calme avec "Let Me Down Gently" qui fait écho au romantico-nostalgique "Cover My Eyes" du premier opus. Ici Elly Jackson se dévoile un peu plus que dans le reste de l'album. Dans une intro pleine de justesse, la voix de Jackson se pose sur des synthés qui se sont assagis et qui diffusent une ambiance nébuleuse. Les percussions 80's reprennent, mais reste discrètes jusqu'à la deuxième partie de la chanson. On passe d'une lamentation éthérée hypnotisante à une douce transe qui nous sort de notre torpeur, ponctuée par un saxophone lointain.
Pour clôturer ce trop court album, Elly Jackson nous délivre "The Feeling". Morceau tout en rondeur, où la chaleur de la basse nous enveloppe et les synthés nous plongent dans un rêve éveillé, ponctué par son falsetto qui s'était fait discret. Les paroles pleines de sensibilité font une nouvelle fois mouche sans en faire des tonnes et les dernières notes s'évanouissent.

Cet album a été mon coup de cœur de 2014. Elly Jackson s'y dévoile plus et casse une certaine dureté/froideur qui transparaissait dans son excellent premier album, en délivrant dans des circonstances compliquées un album pêchu, surprenant, sexy et délicieusement pop. J'ai eu la chance de les voir dans une jolie salle londonienne en novembre, et mon coup de cœur s’est confirmé !
Wolfinette
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le 26 janv. 2015

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