Derrière ce titre sobre et cette pochette en noir et blanc un peu roots, où les silhouettes des membres du groupe apparaissent furtivement, se cache le premier témoignage live officiel des Cure. Sorti en 1984, "Concert", qui regroupe des titres enregistrés sur quatre dates différentes lors du Top Tour, marque la fin d'une époque : celle où Smith et ses acolytes appartenaient encore à une certaine scène underground. La consécration internationale viendra en effet pour eux dès l'album suivant, "The head on the door", avec les tubes imparables que sont "Inbetween days" et "Close to me".
Pour l'heure, "Concert" est un disque intéressant pour plusieurs raisons. Il est tout d'abord habité des sonorités caractéristiques du Cure de 84, hésitant entre son héritage cold wave et ses nouvelles errances pop un brin psychédéliques. A ce moment déjà, le virage serré opéré par le groupe sur son style musical en avait décontenancé plus d'un ; mais là où c'est très fort, c'est que le gouffre entre "Pornography" et "The Top", albums que certains jugeaient aussi incompatibles que le jour et la nuit, ou l'eau et le feu, bref, vous avez pigé, s'efface totalement à l'écoute, rendant obsolètes les critiques grincheuses. Mieux : les sonorités en question s'acclimatent aux différents morceaux avec une facilité déconcertante, créent une véritable cohésion, et proposent d'insolentes relectures des titres les plus anciens. Les effets de guitares tournoyants, souvent mâtinés d'échos ou de flanger, siéent aussi bien à "Shake dog shake" (qui donne bien le ton en intro) qu'à "One hundred years", et transcendent "Killing an Arab" dans une osmose totale (énorme version en guise de conclusion). Ajoutez à cela la frappe précise, sèche et puissante du batteur Andy Anderson, qui agit comme une barre énergétique ; un "Give me it", justement, encore plus déjanté et étourdissant que sur album ; la basse particulièrement jouissive sur "A forest" et le final de "10 :15 Saturday night"... Et vous obtenez un enregistrement qui se classe en très bonne position sur le podium des live officiels des Cure. Et si vous souhaitez prolonger le plaisir du Top Tour en empruntant des chemins "détournés", je ne dirai qu'une chose : Washington 84. Histoire d'être totalement convaincu.
Psychedeclic
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le 25 juin 2012

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