Benny The Butcher, plus convaincant que jamais.

GRISELDA RECORDS.
Ce collectif vit une époque formidable.
Je ne vais pas vous refaire l'histoire, juste souligner que depuis les deux dernières années surtout, leur popularité n'a cessé de croître. Griselda a réussi la prouesse de réunir plusieurs générations et de mettre (quasi) tout l'monde d'accord. Les quadras (comme moi) se retrouvent dans ce rap de notre jeunesse des années 90, et les plus jeunes louent la fraîcheur d'un courant un peu passé qu'il vont pouvoir se réapproprier et surtout un monde sonore bienvenue dans une époque ou la Trap est omniprésente.
En résumé, Griselda produit une musique terriblement bienvenue, à la fois clairement rétro, mais étrangement moderne et hyper-addictive.

La dernière sortie du crew est à mettre à l'actif du moins prolifique de tous, BENNY THE BUTCHER. Le voici nous présenter BURDEN OF PROOF, un album exceptionnel postulant pour le meilleur projet de l'année, rien de moins!

Ont été mis un peu de côté les beats graveleux néo-boom-bap et les boucles de piano sales que nous connaissions de Griselda, et dans lesquels se trouvent aussi bien-sûr des instrumentaux doux et soul. Hit-Boy s'est occupé de la production, et comme sur le dernier et excellent album de Nas, il laisse sa marque avec une habilité qui pousse à l'admiration. Les sons brillamment polis sont vraiment différents de tout ce que nous avons entendu sur un projet de Benny avant celui-ci, et cela fonctionne. Benny prouve qu'il peut suivre n'importe quel rythme, les décors musicaux de "Burden Of Proof" s'harmonisent parfaitement avec ses paroles.
Car Benny, pour moi, se révèle être le plus polyvalent et le meilleur rappeur de Griselda. Comme d'habitude, ses vers sont dures, il est plus convaincant que jamais, et parfois, Benny est plus introspectif que d'habitude. Il a des chansons dédiées à sa mère et d'autres sur sa célébrité, il n'a jamais été aussi personnel ici que sur ses projets précédents.
Benny rappe toujours sur le trafic de drogue et des conditions difficiles de croissance dans l'industrie, Il raconte qu'il a énormément bosser et qu'il a eu aussi de la chance. Et comment il perçoit le trafic de drogue et comment il compare cela à sa carrière de rap rend cette écoute encore un peu plus intéressante.

Côté featurings, on touche à la perfection. entre autres, Rick Ross, Freddie Gibbs, Lil Wayne et Big Sean se retrouvent ici sans oublier Westside et Conway bien entendu.
La plupart d'entre eux sont excellents.
Rick Ross se pose en Boss et est prodigieux sur WWIG.
Le refrain et le couplet de Freddie sur "One Way Flight" sont tout simplement incroyables, c'est la chanson la plus remarquable de l'album.
Lil Wayne et Sean livrent certains de leurs meilleurs couplets cette année et Conway et Gunn sont au sommet sur "War Paint". Ne pas oublier Dom Kennedy et Queen Naija. Le premier illumine un des titres les plus brillants de l'album "Over The Limit" et la deuxième apporte la touche R&B en remerciant dieu sur le refrain de "Thank God I Made It".

Il me reste plus qu'à remercier Hit-Boy d'avoir fourni à Benny une production si chaleureuse et si riche, d'avoir été habile.
Et un grand Merci à Benny de contribuer, en terme de Hip-Hop, à rendre l'année 2020 encore plus belle et plus étonnante que prévu.

"Real shit, I'm a legend now, They tried tell me I'ma be a legend soon though
I'm a legend now" rappe Benny alors que le dernier beat de l'album s'estompe.
Beaucoup de rappeurs ont déjà dit des choses comme ça, mais quand c'est Benny, on y croit.

8/10