Que Dieu bénisse le Top Gear show de la BBC de John Peel et Bob Harris !

Sans la BBC que de trésors perdus ! Et pour Shawn c'est particulièrement vrai puisqu'il n'existe aucun live officiel,* (années 70) en dehors de ces enregistrements BBC. Il avouera plus tard que John Peel le forçait à mieux jouer. Tout un compliment !

Le 5 premières chansons datent de mai 71 et on retrouve Shawn en solo à la guitare acoustique pour le Top Gear show on BBC Radio 1! Le mini-concert s'ouvre avec un Hey Miss Lonely (tiré de Faces) très sobre, squelettique et ça marche. La dimension , sans band, est très bonne, moins entraînante certes, plus troubadour, révélant ainsi la richesse de la composition et la joie en solo de Shawn.

Spring Wind encore en travail au moment de l'enregistrement (on le constate dans la différence des paroles) est absolument magnifique. Shawn y manie la guitare acoustique avec une maîtrise remarquable. Bien sûr l'absence de Peter Robinson au piano se fait un peu sentir. Mais la chanson est d'une telle richesse, la mélodie si aérienne qu'on oublie Collaboration (l'album où sera endisqué le titre) et qu'on succombe au charme dépouillé de la version.

Salty Tears voit Shawn prendre sa guitare électrique (Fender Telecaster) en solo pour défendre le titre brillamment. L'ouverture est complètement différente de la version qui paraîtra 3 ans plus tard sur Bright White. J'ai toujours aimé le blues-rock de cette chanson et la version solo a une énergie remarquable ! Shawn y fait des vocalises qu'on ne retrouvera pas sur la version studio . Une perle par sa différence.

Puis le magnifique Whitered Roses de Contribution. L'ouverture , tout en vocalise sur la guitare acoustique (12 cordes) est très belle. Le “picking” est absolument remarquable.

Puis le superbe “ L'Ballad” qui aura un traitement symphonique sur Faces et qui paraît en solo sur Contribution. La version de la BBC est très proche de celle de Contribution. C'est le joyau de cette première session Britannique où la voix totalement maîtrisée et resplendissante de Shawn triomphe. Cette première session se termine ainsi...

Puis vient la session de mars73 avec un band dont le remarquable Peter Robinson au piano. Elle s'ouvre sur un magnifique Spaceman de Collaboration. Plus confidentiel que la version studio, le titre gagne surtout grâce au piano de Robinson, tout en cascades. Il existe une très belle version live (solo) sur You Tube au célèbre show Midnight Spécial. ici la version est très tibet avec le band et la guitare électrique de Tom Walmsley est très le fun. Mais ce sont surtout, encore une fois, les vocalises inédits qui nous fascinent. Shawn est vraiment la voix d'or du rock (avec Peter Hammill) et il le prouve.

Not Quite Nonsense de Contribution est une chanson humoristique pleine de cette joie enfantine que possède Shawn. Une rare apparition!

Puis le classique Annello qui a des ressemblances avec Donovan (pour lequel Shawn travailla et composa) . La chanson est le fun , on se prend encore une fois à chanter avec Shawn mais on ne peut suivre les vocalises évidemment.

I Took A Walk est la plus grande chanson politique de Shawn . Celui-ci traverse l'Amérique et nous raconte ce qu'il voit. Cette version est plus rapide et pinçante que la version studio. Une première re-visite de la chanson où les claviers sautants et funky de Robinson ouvrent de nouvelles avenues. Normal en Amérique!

À noter que ces sessions de 73 se font sans basse et que Peter Robinson joua les parties de basse sur un clavier Fender Rhodes (basse) . “Le seul groupe qui utilisa cela à l'époque était les Doors” nous dit Peter dans les notes linéaires de l'album.
Ladite session se termine avec un très doux Dream Queen (tiré de Bright White). Juste magnifique sans accompagnement des autres musiciens. La version en solo à la guitare acoustique s'impose parfaitement.
Avec les sessions de John Peel du 1er octobre74 arrive John Gustafson (Kevin Ayers, Roxy Music etc.) justement à la basse. Exit la guitare électrique de Walmsley mais Barry de Souza reste au drum et Robinson aussi aux claviers(orgue Hammond B3,Moog, ARP synthétiseurs).

Celle-ci s'ouvre sur un très doux See You, tiré de Furthermore, récemment enregistré à l'époque. La musique de Shawn prend une dimension plus funky mais ne perd pas son essence sur ce titre. Cette version est même plus riche que celle studio. Robinson aux claviers est merveilleux et on plane avec lui...jusqu'à l'enchaînement funky de Planscape. Le rythme magique est brisé et on est déstabilisé. L'enchaînement n'est pas naturel mais Robinson insiste mieux avec ses claviers planants que sur Furthermore et le son Herbie Hancock qui prendra son envol sur Rumplestilskin's Resolve se fait émergent. Un jam qui s'étire habilement toutefois, une électricité douce palpable dans l'air.

92 Years enchaîne parfaitement dans le même rythme funky. Un petit morceau court habilement ficelé qui permet au band de s'exprimer. On regrette toutefois le délaissement du côté progressif de Shawn. Et le son plus convenu du funk n'étonne pas autant et dessert mal la richesse des possibilités musicales de Shawn.

Talking In The Garden s'ouvre sur la guitare acoustique et une superbe rythmique au chant. La mélodie est sprenante et Shawn est inspiré comme aux meilleurs moments de sa carrière. La version diffère légèrement de celle de Furthermore mais l'envol des vocalises est aussi magnifique ! Robinson frappe sur ses claviers ou flotte dessus avec toute la sobriété et le talent qui fait sa grandeur (fallait voir la tournée duo avec Shawn en 76 pour réaliser l'immensité du musicien) . Bon le tout vire un peu trop au funky( à mon goût) encore une fois mais cela se tient admirablement. Le band est très tight et va encore plus loin avec le titre musical Furthermore jumelé comme un medley. C'est selon moi une des deux faiblesses de ce BBC.

Le tout se termine avec January 1st, l'autre faiblesse.On n'est pas loin de Gentle Giant ici. Un Gentle Giant plus funky que prog mais l'esprit est là. Le solo de synthé de Robinson et de l'ARP a quelque chose d'un peu Zappaien. D'ailleurs le titre fait penser aussi à Zappa. Le seul problème c'est que l'univers de Shawn est mal desservi par ce choix musical facile.

En conclusion, à part les deux derniers titres, est un essentiel dans la collection Shawn Phillips et on se met à rêver à un live véritable qui surgirait de cette époque. Surtout un live de 73 ou 76 en duo avec Peter Robinson.

Merci à la BBC et au génial Peel pour ses trésors éternels!


* Ce n'est plus vrai il existe maintenant un somptueux live -triple CD des années 70! Et il s'appelle justement LIVE IN THE SEVENTIES

RockNadir
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le 4 mars 2023

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