Dès les premières notes on est séduit par la simplicité et l'efficacité de la mélodie, jouée au piano, puis à l'orgue, le tout accompagné de bruitages créant une atmosphère très particulière, on pressent que cet album ne sera pas habituel. Et dès le second morceau, on a la confirmation que Ryuichi Sakamoto est au sommet de sa forme créative, une finesse se dégage, des notes ciselées s'égrenant, puis un grincement régulier, un cliquetis, quelques nappes d'un synthé ... une épure toute japonaise.
On est ici en présence d'un album de la maturité, toutes les notes y semblent essentielles, la pureté des mélodies y ont un pouvoir de séduction indéniable. Les expérimentations qu'il se permet sur les sons sont loin d'être gratuites, les rythmes sont en tension perpétuelle, toutes ces combinaisons de mélodies, rythmes, bruitages nous donnent une impression d'envoûtement progressif ... les contours des morceaux semblant nets et flous simultanément, tels des ombres chinoises.
L'atmosphère générale nous donnant l'impression d'être dans un paysage sonore pouvant se rapprocher d'un port avec ses grincements, ses clapotements, ses pas sur le gravier, ... ce côté bruitiste étant présent, mais de manière discrète. La mélodie restant la marque de fabrique de notre musicien.
Un romantisme urbain assumé qui nous prouve qu'il a atteint une forme de sagesse, il ne manque plus que le jardin zen, dans lequel on l'imagine très bien, méditant sur l'essence de la vie.