AERO
6.9
AERO

Compilation de Jean‐Michel Jarre (2004)

Attends, Ecoute, on Revisite les Origines

Après Images (1991), quelques mots sur une autre compilation de Jean-Michel Jarre, qui mérite le détour puisqu'elle est le fruit d'une conception soignée.
En effet, à la différence de la plupart des best of, AERO n'est pas qu'une brochette à enfiler vite fait des tubes et à balancer chez les disquaires pour ramasser (ou pas) du pognon facile. Non, pour AERO, Jarre s'est donné du mal. En commençant par réorchestrer, rejouer, réenregistrer tous les morceaux choisis pour figurer sur le disque. Ça, déjà, c'est très rare.
Ensuite, il a conçu des transitions entre chaque morceau, de véritables petites plages sonores comme autant d'évocations poétiques, qui font de l'album un continuum musical particulièrement bien agencé.


Petit revers de la médaille, l'ensemble est peut-être un trop propre, trop minutieux, d'une froideur clinique. A l'image des quatre titres inédits qui se glissent sans grande inspiration entre les classiques. On passe rapidement sur "Aero Opening", qui n'est rien d'autre que ce que le titre annonce : une brève ouverture, plus sonore que musicale. Après une reprise punchy d'"Oxygène 2", on découvre "Aero", ébauche de dream music à la Robert Miles (avec la mélodie jouée à un doigt avec un son piano plein de reverb) qui s'écoute gentiment. Plus loin, "Aerology" convoque de vagues souvenirs de "Bells" (Métamorphoses), on passe vite à autre chose. Enfin, "Aerozone" joue les utilités transitionnelles, développant quelques séquences frénétiques mais stériles, entre "Oxygène 11", le futur "Exit" de Electronica 1 et certaines plages de transition sonore de Chants Magnétiques. Entre l'expérimental et l'anecdotique, pas grand-chose à en retenir.


Pour épaissir la sauce, Jarre lance AERO en jouant la carte de la haute technologie, en clamant avec son aplomb habituel que la musique s'écoutera massivement ainsi à l'avenir (treize ans après, on a vu : c'est non). En effet, pour qui est équipé du matériel adéquat, l'album peut s'écouter en 5.1, car il a été conçu et mixé dans ce but précis. C'est sûrement très impressionnant, mais je n'ai jamais eu la chance d'en faire l'expérience, malheureusement.
Ce dont j'ai fait l'expérience, en revanche, c'est du DVD qui permet l'écoute en question. Outre la musique, on peut y admirer en plan fixe les yeux d'Anne Parillaud, nouvelle Madame Jarre de l'époque, qui réagissent en temps réel à la musique. Au bout d'un moment, partagé entre hypnose régressive et ennui profond, on focalise sur le célèbre grain de beauté ornant la joue de la comédienne. Et puis on arrête l'image, parce que franchement, c'est chiant.


Si on laisse de côté cet aspect, tiraillé entre marketing moderniste et volonté sans doute sincère de repousser les limites, AERO est une compilation bien pensée, qui rassemble et repense avec plus ou moins de bonheur quelques incontournables de la discographie jarrienne. On est heureux d'y retrouver des raretés comme "Equinoxe III" ou "Last Rendez-Vous" ; on peut déplorer certaines expérimentations pas très heureuses dans les remix de "Oxygène IV" (et ce son de piano déglingué qui double le son originel du refrain) ou de "Equinoxe IV" (cette boîte à rythme, erk), ou qu'une plage soit prise par le dispensable "Orchestre sous la pluie" ; ou encore la piste bonus reprenant l'une des pires versions live de "Rendez-Vous IV" (lors du concert au Danemark avec Safri Duo aux percussions, une horreur).
Ce n'est pas forcément le meilleur best of pour initier un ignorant de l'oeuvre de Jarre ; mais pour les amateurs ou les fans, le voyage ne manque pas d'intérêt.

ElliottSyndrome
6
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le 21 févr. 2020

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ElliottSyndrome

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