A chaque fois que je sors Sessions 2000 de ma discothèque pour le glisser dans la platine - c'est-à-dire pas souvent -, j'ai le secret espoir d'y découvrir enfin une bonne surprise. Vraiment, à chaque fois, je le choisis en étant décidé à profiter pleinement de son écoute.
La plupart du temps, chou blanc.


Pour comprendre la nature très particulière de Sessions 2000, il faut le replacer dans son contexte. Depuis quelque temps, les relations entre Jean-Michel Jarre et Francis Dreyfus, son éditeur historique depuis Oxygène, se sont détériorées. Les ventes de Métamorphoses, sorti début 2000, sont décevantes, et Dreyfus voudrait entraîner son poulain dans certaines directions que le compositeur refuse. La fâcherie devient brouille, puis incommunicabilité absolue. Jarre veut s'en aller mais, par contrat, il doit encore deux albums à son éditeur. Qu'à cela ne tienne, il produit à toute vitesse et de manière artisanale deux galettes dont le titre semble illustrer le côté irréfléchi, voire bâclé : Sessions 2000 et Expérimental 2001. Ulcéré par le résultat, mais contraint d'en publier au moins des deux, Dreyfus sort le premier à l'arrache, sans aucune promo et avec un package minimaliste ; le second reste, encore à ce jour, le plus grand mystère de la discographie de Jean-Michel Jarre.


Voilà pourquoi Sessions 2000 est parvenu jusqu'à nous. Étant donné les conditions de son accouchement, on pourrait craindre qu'il s'agisse d'une bouse monumentale. Hé bien non : c'est un disque expérimental, certes, où Jarre s'essaie avec le plus grand sérieux à l'electro-jazz, à quatre mains avec son fidèle partenaire d'alors, Francis Rimbert ; mais c'est un disque remarquablement cohérent. Alors qu'on peut imaginer que les six morceaux qui le constituent sont le fruit de pas mal d'improvisations, leur palette sonore s'avère très homogène, tout comme le rythme de l'album, sa couleur globale. C'est tout, sauf du foutage de gueule pour l'auditeur.


Après, pour l'apprécier un tant soit peu, il faut se poser, se laisser porter et, en même temps, rester concentré. C'est là que, pour moi, le bât blesse. Une fois lancé dans l'album, je m'occupe à autre chose, et la musique ne devient plus qu'un bruit de fond. Agréable mais pas accrocheur. Une déclinaison jazz d'"En Attendant Cousteau", les grandes profondeurs en moins.
Je suis incapable d'en distinguer un titre plutôt qu'un autre. Comme je l'ai dit, le disque est cohérent, compact. Du genre compliqué à creuser dedans. Au final, l'une des curiosités de la discographie de Jean-Michel Jarre, et une preuve lancée à ses détracteurs que le garçon sait varier les genres.

ElliottSyndrome
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le 21 févr. 2020

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LexFatalis
4

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